Il avait été stupide. Il avait été faible. Il ne pouvait pas lui faire cela, non... Il n'avait pensé qu'à lui, il n'avait pas pensé à elle : il avait été égoïste. Maintenant que devait-il faire ?... Le lycan marchait à pas lent dans les ruelles de Pré-au-Lard, les mains dans les poches. Dans l'une de ses poches se trouvait une lettre qu'il venait de recevoir. Elle venait directement d'un pays d'une contrée lointaine et nordique. Il y avait peut-être une chance sur mille que son père soit encore en vie. Une chance sur mille. Ou peut-être ne l'était-il plus en ce moment... Les signes jusque là avait montré qu'il l'était peut-être mais de quand dataient-ils ces signes ? Remus devait y aller. S'il était en vie quelque part, il devait au moins lui apprendre qu'il ne lui en voulait après toutes ces années, il devait soulager sa conscience... Mais aujourd'hui il était attaché. Il avait cédé aux avances de Tonks finalement, poussé par un peu un peu tout le monde... Même son cœur se mettait contre lui car il se mettait à battre plus fort chaque fois que la jeune femme se trouvait à proximité. Il avait été trahi. Trahi... Il ne pouvait lui faire cela. Il devait partir et il ne voulait pas qu'elle s'inquiète maintenant sur le fait qu'il aille s'éloigner, s'exiler serait le terme exact... Dans une contrée du nord. Il ne savait quand il reviendrait, ou s'il reviendrait ; il ne voulait en aucun cas qu'elle attende ou qu'elle vive dans l'inquiétude … Elle méritait d'être heureuse et de vivre. Il devait mettre fin à tout cela avant qu'ils n'aillent trop loin, avant qu'ils ne soient définitivement liés... Il n'en avait même pas le cœur de le faire. « Lâche » songea t-il. Il ne pouvait pas. Sans même y penser, il entra dans l'antre des Trois Balais pour aller s'asseoir au plus loin dans la salle. Il avait bien besoin d'un remontant pour lui permettre de réfléchir. Presque aussitôt, l'on vint lui demander s'il avait envie de boire quelque chose...

« Deux Bierreaubeurres s'il... Non, un whisky Pur-Feu en fait, ce sera très bien. »

Tandis que le serveur repartait avec sa commande, il déboutonna un peu sa veste qui lui tenait trop chaud dans l'espace confinée de la petite salle dans laquelle il était entré un nombre de fois incalculable . Normalement elle lui faisait effet d'être chez lui. Ce soir, il ne savait même pas où est-ce que chez lui... Il se souvint que la première fois qu'il était entré ici avec Tonks, elle lui avait dévoilé ses sentiments... Cela lui heurta la mémoire si fort qu'il faillit chanceler. Il s'en souvint très bien, les paroles prononcées semblèrent résonner encore dans son esprit tourmenté. Il secoua la tête essayant de les disséminer. On lui apporta sa commande et il remercia le serveur avant qu'il ne s'éloigne. La boisson lui donna toujours cette impression de brûler la trachée lorsqu'elle s'écoulait dans la gorge, mais la seconde gorgée fut plus supportable. Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. Il était peut-être dix-neuf ou vingt heures ou encore vingt deux heures. Les doigts hésitants il sortit de sa poche la lettre et la déplia devant lui pour la lire. La lissant avec ses doigts sur la table, il suivit l'écriture penchée qui se trouvait étalée sur le parchemin. Il la replia ensuite de nouveau avant de la remettre dans sa poche, toujours aussi égaré. Pour se donner du courage il reprit une gorgée de sa choppe - il vida ce qu'il restait en fait - avant de venir prendre sa tête entre ses mains.


... Ce n'est qu'après avoir vidé sa choppe qu'il décida de sortir. L'ambiance surchauffée des Trios balais, en plus du degré d'alcool dans ses veines, ainsi que la douleur poignante qu'il ressentait ne s'était pas arrangée. Il se sentait toujours aussi mal. Il se sentait toujours aussi de se faire mal lui-même et convaincu qu'il en faisait de même à Tonks en acceptant d'être avec elle, en acceptant de faire semblant d'être normal... C'était trop dur. Il ne pouvait pas être normal... Il ne pouvait pas lui faire cela, même si chaque fibre de son corps réclamait la présence de la jeune femme à ses côtés. Elle était là, même si elle ne l'était pas... Et son coeur souffrait rien qu'à l'imaginer, imaginer ce qu'il pouvait avoir... mais il ne voulait pas ; non pire, il ne pouvait pas... Qui plus est, il allait devoir partir... Il allait devoir partir loin ... Il devait la libérer avant. Pour son bien. Il n'avait jamais pensé à autre chose que les autres chaque fois qu'il agissait d'une certaine façon. Comprendrait-elle... ?