Il s'était arrêté une dernière fois ; il avait regardé vers la fenêtre, comme s'il avait pu l'apercevoir à travers l'une des fenêtres. Pendant quelques secondes, il avait voulu la voir. Même si c'était probablement la dernière fois... Il voulait la voir. Il en avait besoin mais quelque chose au fond de lui li souffla que s'il la voyait là, ce serait encore plus dur de faire demi-tour et de partir et il n'était pas certain qu'il en aurait eu le courage. Il ne l'avait de toutes façons vue à aucune fenêtre. Il n'avait pas trouvé celle de sa chambre. Il était alors repartit, les mains dans les poches et les yeux fixés sur le sol, avançant lentement. Il n'était pas immédiatement rentré chez lui. Il avait erré dans Londres avant d'aller s'enfermer dans son chez-lui et de s'endormir seul dans un lit froid. Si auparavant il n'avait rien redit contre cela car il était habitué, aujourd'hui son lit lui semblait encore plus froid qu'auparavant...

Le lendemain et les jours suivants, il était allé au Chaudron baveur où il avait aidé pour la journée Tom le Barman. Les deux hommes se connaissaient depuis longtemps et il l'avait aidé à une époque – par exemple en lui fournissant le logis à des périodes plutôt difficiles – et parfois, quand il avait un besoin urgent de travail – quand ses derniers Gallions disparaissaient, et bien il devait travailler et il allait alors donner un coup de main (même pour faire la plonge) au Chaudron Baveur. Même si ce n'était que pour le dépanner, et même s'il n'en avait pas forcément besoin, Tom le prenait quand même pour quelques temps. Et puis, c'était surtout qu'il ne voulait pas rester seul chez lui à ne rien faire et recommencer à penser. Il pendait déjà suffisamment ainsi ; il en avait même le cerveau bouillonnant tellement il réfléchissait. Alors sortir tous les jours et travailler, lui permettait d'un, évacuer ses pensées et empêcher de s'enfoncer dans une mélancolie désespérante.

Même dans les pires moments de sa vie, il avait toujours évité de se laisser envahir par la volonté d'oublier et pour cela d'aller acheter de l'alcool. C'était ce que Sirius avait tendance à faire, et ça, c'était quelque chose que jamais Remus ne ferait. Outre le fait qu'il détestait tout ce qui faisait perdre le contrôle de soi, il savait que l'alcool n'arrangeait rien du tout. Non, lui, pour essayer d'oublier, il travaillait. Les moments où il ne travaillait pas, il se promenait au hasard des rues, croisait des gens, les observait, allait boire un verre quelque part, ressortait errer dehors avant de rentrer pour dormir chez lui. Mais surtout pas rester enfermé. Cela ne l'empêchait pas, la nuit, de repenser à tout cela, d'imaginer à ses côtés. Elle lui manquait, c'était indéniable. Quelque chose au fond de lui était éteint. Elle avait été claire pourtant ; elle ne voulait plus le revoir. Elle lui avait dit qu'elle le recontacterais... Et comme elle ne l'avait pas fait, il en avait déduit que c'était réellement fini. Même malgré la lettre qu'il n'avait pu s'empêcher de lui envoyer. A quoi bon continuer ?

Ce soir-là, il était sortit, enveloppé dans sa vieille cape grise. En ce mois de Décembre, le temps s'était plus rafraîchie et cela se voyait nettement. A la sortie de sa bouche, de la buée se formait. Il avait mis une autre écharpe parce que, malheureusement, il ne trouvait pas l'autre. Il avait retourné son appartement mais rien n'y avait fait. Elle restait désespérément absente. Il avançait dans les rues de Pré-au-Lard en direction du pub d'Alberforth. Généralement, il allait plutôt vers les Trois Balais mais es temps-ci il craignait trop y croiser Tonks et il préférait alors les coins moins peuplés. Il ne voulait pas rendre les choses plus difficiles qu'elles ne l'étaient alors il s'efforçait d'éviter les endroits où il y aurait plus de chance qu'elle aille.

Parvenant au pub, il poussa la porte et entra. Même si ce n'était pas la même ambiance qu'aux Trois Balais, c'était l’endroit rêvé pour les gens qui voulaient être tranquilles. Alors qu'il se dirigeait vers le bar pour commander un verre, il entendit des bruits de voix. S'il entendit à peine celle de l'homme, son cœur fit un bond lorsqu'il reconnut la seconde. Ce ne pouvait pas être possible... Elle n'était pas là. C'était certainement un sosie. Lentement, il se retourna vers l'origine des bruits de voix un peu plus loin au comptoir. Une jeune femme, de profil ; le portrait craché de Tonks... Bien qu'elle n'ait pas les cheveux roses habituels. Ils étaient châtains... Et parsemés de mèches blanches. Ce n'était vraiment pas habituel. Mais de toutes les façons, il avait reconnu sa voix. L'homme avec qui elle avait vraisemblablement des ennuis. Cet homme avait des cheveux longs attachés en catogan et n'était pas là apparemment pour discuter. De toute évidence, à la manière que Tonks venait de le repousser, ce n'était pas non plus un ami. Son sang ne fit évidemment qu'un tour et il oublia en une seconde leur petits différents pour voler aussitôt au secours de la jeune femme. Même si elle ne voulait plus le voir, cela n'avait guère d'importance dans le moment présent.

Il se rapprocha du duo et s'arrêta à côté de la jeune femme. « Vous ne l'avez pas entendue ? Elle vous a dit de partir. » fit-il en fixant l'homme, presque comme s'il voulait éviter de lire l'expression de la jeune femme en le voyant débarquer. Malheureusement, cet homme ne connaissait décidément pas les bonnes manières – à croire qu'il avait été élevé dans la forêt sauvage. « Qu'est-ce-que t'as toi ? T'es qui d'jà ? » Remus haussa un sourcil et ne bougea pas malgré l'air revêche de l'homme qui semblait croire qu'il venait de piétiner sur son territoire. S'il y avait une catégorie de personnes qu'il détestait, cet homme en faisait partie. Il semblait croire que tout lui était dû et qu'il pouvait avoir d'un simple claquement de doigts. Remus pensa qu'il avait bien fait ce soir de venir ici plutôt qu'aux Trois Balais...

« Et toi, j'ignore qui tu es et je ne veux pas le savoir mais vraisemblablement, cette demoiselle n'a pas envie de te parler ni même de te tenir compagnie. Qui plus est, c'est un endroit tranquille ici... Je doute fort qu'Alberforth autorise la moindre histoire alors je te conseille de sortir rapidement si c'est pour faire des histoires. » Il l'avait bien tutoyé, alors pourquoi continuer à le vouvoyer hein ? Il semblait croire qu'ils avaient élevé les Hypogriffes ensemble. Apparemment, cet homme ne connaissait ni la civilisation ni le respect de l'autre et encore moins quand on lui disait « non ».

« Une menace ? Hey pépère du calme, je l'ai vu en premier alors t'as qu'à aller t'en chercher une autre ailleurs. »

Remus resta silencieux quelques secondes, complètement soufflé par tant d'effronterie. Sérieusement, cet homme le répugnait. Quand bien même il n'était pas très « sain » et qu'il avait bu quelques verres, il n'excusait pas sa conduite. Surtout si Tonks était impliquée dans la situation. A l'entendre, il considérait presque les femmes comme des « objets » que l'on pouvait trouver partout dans n'importe quel lieux. Juste des « choses » bonnes à assouvir quelques désirs ou besoins vitaux... Ou un peu comme on s'achetait une paire de jean ou des robes.

Le lycan sentit sa mâchoire se crisper, son regard virer au noir alors qu'il réagissait au quart de tour. Sans même s'en rendre compte, sa baguette venait d'émerger de l'intérieur sa cape pour venir s'appuyer sur la gorge de l'homme alors qu'il le maintenait d'un bras ferme et lui murmurait à l'oreille sur un ton menaçant que ses proches ne lui connaissait pas et ne lui connaîtrait sans doute jamais. « Je te jure que si jamais tu lui manque encore de respect une seule fois, tu sauras ce que signifie vraiment le mot 'enfer'. » Quitte à le lui imprimer sur la peau comme un tatouage. Quand on s'en prenait aux personnes à qui il tenait, alors il oubliait les bonnes manières. Lorsqu'il fut certain que ses mots avaient eu l'effet escompté, il le relâcha brusquement et l'homme se rétama tout seul sur le comptoir, ne s'attendant apparemment pas à ce qu'il le relâche si vite. Il s'en écarta de nouveau, se retourna et fixa son regard sur Remus qui le soutint. Après un long moment de tension extrême entre eux où l'un comme l'autre semblait se demander comment cela allait finir et si l'un allait lâcher, l'homme finit par tourner les talons, ne voulant sans doute pas créer d'esclandre ici.

Remus respira plus facilement, soulagé qu'ils ne doivent pas aller plus loin. Encore que, est-ce qu'il n'allait pas tranquillement attendre dehors, caché en embuscade dans un coin, pour la prendre par surprise lorsqu'elle sortirait ? Et en espérant qu'elle soit seule. Remus se promit, quoiqu'il arrive ce soir, de ne pas la laisser rentrer seule. Même si elle ne le voulait pas. Au pire il la suivrait de loin au cas où sans se faire voir. Lentement, il se tourna vers la jeune femme et c'est là qu'il constata plus en détails qu'elle avait actuellement une couleur de cheveux qui ressemblait vraiment beaucoup à la sienne. Mais... C'était sûrement une coïncidence. Un instant confus de ceci, il lui demanda d'une voix beaucoup plus douce mais laissant transparaître une légère inquiétude. « Tu vas bien j'espère ? » Sous-entendant la question si l'autre homme ne lui avait rien fait avant que Remus n'intervienne. « J 'aurai même dû l'obliger à s'excuser... »

Il aurait dû le faire s'excuser oui. C'était ce qu'il aurait dû l'obliger à faire. Il n'aurait pas dû le laisser si facilement s'en tirer. Quand il se mettait en colère, il pouvait paraître très impressionnant... Sans compter que le fait qu'il soit lycanthrope lui donnait – qu'il le veuille ou non – de la force supplémentaire par rapport à un sorcier de carrure normale. La plupart du temps, il n'était qu'un gentil loup apprivoisé et ressemblait même davantage à un agneau qu'à un loup mais il ne fallait pas le chercher, et surtout, il ne fallait pas s'en prendre à ce qu'il avait de plus cher. Mais tant pis. Il était partit. Et tant mieux d'ailleurs... Il pouvait à présent reporter toute son attention sur Tonks qui lui disait... Qui lui disait... Qui lui disait quoi... ?!

… Mâle protecteur ? Un regarde incrédule s'afficha sur ses traits et il l'observa quelques secondes comme s'il n'y croyait pas. Son mâle protecteur ? Sérieusement, elle en était à son combien de verres là ? Parce qu'il lui fut évident qu'elle n'avait pas que de l'eau dans le sang mais qu'elle en avait déjà quelques verres d'alcool. Il était décidément arrivé à temps et il se félicita une nouvelle fois d'être venu ici plutôt qu'aux Trois Balais. Environ plus d'un mois avant, elle lui avait crié dessus et ce soir, elle l'appelait « mon courageux et puissant mâle protecteur ». Il fallait avouer, ça faisait peur. Il en aurait presque rit s'il ne s'inquiétait pas pour elle. Elle avais commandé un verre pour lui et en avait demandé un autre pour elle. Alberforth lui fit remarquer – et Remus l'approuva – qu'elle en avait bu suffisamment.

Lorsqu'elle lui porta un toast, ses oreilles se mirent à rougir de plus belle. Là, c'était quand même trop. Elle en faisait un peu trop... Il n'avait pas fait grand-chose, il ne fallait pas pousser. Il était juste venu à son aide et avait demandé à l'autre abruti de la laisser tranquille parce qu'il ne semblait savoir la véritable signification du mot « non ». Des comme ça, il y en avait souvent bien trop d'ailleurs.

Alors qu'il n'avait même pas encore touché son verre, elle avait déjà descendu le sien de moitié. Pendant quelques secondes, il se contenta de la regarder, admirant sa descente. Il la regarda, sans savoir s'il devait avoir peur ou alors s'il devait lui prendre le verre des mains et la ramener chez elle quitte à la porter dans ses bras pour qu'elle le suive. C'est au moment où elle fit le geste de retirer son écharpe, qu'il se rendit compte que c'était la sienne qu'elle portait autour du cou. Il avait vu qu'elle en portait une mais n'avait pas fait attention qu'il s'agissait de la sienne. C'était celle qu'il avait cru avoir perdu la dernière fois et il l'avait simplement oublié chez ses parents la dernière fois. Et dire que pendant tout ce temps, elle était restée avec elle. Il était rassuré en tous cas ; il y tenait sentimentalement beaucoup.

Elle la lui rendit. Remus retint son souffle en la voyant la lui passer autour du cou et automatiquement le rapprocher d'elle. Son visage n'était qu'à quelques centimètres du sien ; il essaya de rester concentré sur ses yeux, de ne pas dériver sur sa bouche ; il tenta de rester calme mais d'un seul coup, son pouls s'était brusquement accéléré alors qu'il sentait sa main caresser sa joue. Il essaya de se concentrer, mais c'était bien plus difficile que cela paraissait. Il essaya de se convaincre : Elle n'était pas dans son état normal... Elle n'était pas dans son état normal. Il n'allait pas profiter de la situation. Elle lui avait dit la dernière fois qu'elle ne voulait plus le voir...

Il écarquilla les yeux à ses paroles suivantes. C'était une... Invitation ? Sérieux, s'il ne savait pas qu'elle avait un peu trop abusé sur l'alcool, il éclaterait de rire. Il ne bougea pas mais eut un rire nerveux. Très nerveux. A vrai dire, il semblait incapable de faire le moindre geste. Excitant... Le voir en colère ?! Oulà, Alberfoth avait-il mis autre chose dans son Whisky pur-feu ? Sans compter que jamais il ne se mettrait en colère contre elle... Ce n'était pas réaliste. Il ne le pourrait pas.

Il sentit sa main se poser sur son genoux et sentit un frisson lui parcourir l'échine. Attendez... Elle le draguait ouvertement ou c'était une impression ? Alors que plus d'un mois plus tôt elle le jetait ? Il se figea subitement. Il l'entendit lui dire qu'elle avait eu raison de l'envoyer balader et que ce n'était pas l'autre qu'elle voulait chez elle ce soir mais lui. Deuxième invitation. Un, il fallait avouer que l'invitation était très tentante ; deux, Remus était loin de ne pas vouloir qu'ils se réconcilient. Mais... Mais un, elle n'était pas vraiment dans son état normal et de deux, si jamais il l'accompagnait ce soir-là, ce serait certainement pour la mettre au lit. Pour dormir, je précise. Pas pour faire des bêtises. Il aurait trop l'impression de profiter d'elle, quand bien même serait-elle consentante. Il n'était pas comme cela.

Remus sentit une drôle de sensation dans son bas ventre et il essaya de garder tout son sang-froid, d'ignorer la main qu'il sentait sur son genou et qu'elle remontait le long... De sa cuisse ? Attendez, elle jouait à quoi là... Il fallait l'arrêter. Il parvint à se décoincer un peu et posa une main sur la sienne. Au moins il l'empêchait d'aller plus haut. Parce qu'à vrai dire, il suffisait d'un seul coup d'oeil pour se rendre compte que son attitude ne lui était pas indifférente... Même pas du tout d'ailleurs... Disons simplement qu'il se sentait un peu à l'étroit. Une douce chaleur s'insinuait en lui et la sensation dans son bas ventre s'amplifia tandis qu'il essayait de se reprendre. Garder son sang-froid. Elle n'était pas dans son état normal.

« Heu... Tonks... ? » lâcha t-il d'une voix rauque et en essayant de rester maître de lui tandis qu'elle déposait des baisers sur le pourtour de la mâchoire. Il ferma quelques secondes les yeux et serra la mâchoire. Ce n'était pas si simple de rester maître de lui. Et bien, c'était tout sauf triste quand elle avait bu ! « Tonks, attends... » Avec difficultés, il parvint à l'éloigner et conscient du regard en biais du barman sur eux, il dit à la jeune femme... « Arrête s'il te plaît. Ce n'est pas bien, tu n'es pas... Dans ton état normal... » Il l'observa un instant, posa une main sur sa jour et lui sourit. « Et tu as assez bu d'ailleurs je crois. Et puis, tu n'as pas à me remercier de t'avoir sauvée... C'est tout à fait normal... Et s'il faut te raccompagner chez toi pour que tu reposes, je le ferais assurément. » Mais pour dormir hein. Quitte à la mettre au lit par lui-même. Il n'était même pas sûr si là, en ce moment, elle arriverait à trouver le chemin pour rentrer chez elle. Quoiqu'il en était, il n'allait pas la laisser seule ici.

Il ne savait pas si c'était vraiment le moment ou si elle allait comprendre ce qu'il allait dire mais après quelques secondes, il lui dit, très sérieux et tenant toujours ses mains dans les siennes – sait-on jamais si elles avaient idée d'aller se balader quelque part. «  Ecoute il faut que je te dise. Je suis désolé pour ce qui s'est passé la dernière fois. Il y a eu un malentendu, je te jure que je ne voulais pas que ça se passe ainsi... » De plus, la voir ainsi le faisait encore plus culpabiliser parce qu'au fond c'était de sa faute. Parce qu'il était certain que si elle avait voulu boire c'était parce qu'elle se sentait malheureuse, et si elle était malheureusement c'était à cause de leur rupture. Donc c'était de sa faute à lui, parce qu'il avait du mal à faire comme les couples normaux. Ce n'était pas faute de ne pas le vouloir. Une chose positive cependant, il était ravi de voir que ses cheveux avait récupéré une teinte rosée...

Il l'observa quelques temps, comme s'il était en train de juger du degré de dangerosité à ce qu'elle rentre seule chez elle et non, c'était hors de question, il ne la laisserait certainement pas rentrer seule. C'était trop dangereux. Alors même si elle n'était pas un bébé, ou même s'il la croyait lorsqu'elle lui dirait qu'elle retrouverait son chemin seule, il était hors de question qu'il la laisse rentrer seule. Il lui faisait conscience, mais ne serait tranquille qu'en la raccompagnant à bon port.

De plus, on n'était jamais sûr qu'il n'y aurait pas encore d'autres hommes comme le premier qui voudrait essayer de profiter d'une jeune femme à moitié saoule et quand bien même ce qu'elle croyait, c'était trop dangereux qu'elle rentre seule. Il l'accompagnerait qu'elle rentre seule ou non. Il n'aurait jamais la conscience tranquille si jamais il la laissait se débrouiller toute seule... Sans compter qu'il voulait aussi se rattraper, il voulait prendre soin d'elle... Et en plus depuis qu'il l'avait sauvé des pattes de l'autre, il serait encore moins tranquille de la savoir rentrer seule. Il s'en voulait pour le soir dernier qu'ils avaient passé ensemble. Il s'en voulait pour quelque chose dont il n'était pas forcément responsable, n'ayant voulu que de se confier à elle, mais il s'en voulait tout de même.

Il n'empêche que même avec un verre ou cinq dans le sang, elle restait mignonne *.* Même si dans le second cas elle était beaucoup plus collante, mais hormis pour une seule raison (déjà citée plus haut) et bien il devait avouer aimer assez qu'elle soit si collante avec lui. Au moins, elle ne le détestait pas. Au moins elle voulait toujours le voir... Contrairement à ce qu'elle lui avait dit la dernière fois. A savoir qu'elle ne voulait plus le voir, que leur histoire ne pouvait plus aller nul part. Pourtant, ce n'était pas faute de faire des efforts mais il avait l'impression de ne pas vouloir aller au même rythme qu'elle. Et puis, il ne voulait pas tout précipiter trop vite. Il voulait prendre son temps, il voulait choisir les moments de telle ou telle chose. Remus était un romantique... Peut-être même l'un des derniers sur Terre. Mais il voulait prendre trop son temps et il avait failli la perdre... Cependant, le fait de voir ce soir qu'elle ne lui en voulait plus – et qu'elle était même si proche de lui – nourrissait son espoir que tout n'était pas perdu.

Il l'écouta parler avec une profonde gravité ancrée sur le visage bien qu'il ne fut pas d'accord sur le fait qu'il avait peur d'elle. Il n'avait pas peur d'elle, et ne l'avait d'ailleurs jamais dit. Il ne dirait jamais telles choses quand elle était la plus belle chose qui lui était arrivé dans la vie. Comment croire qu'il avait peur d'elle... ? Et il n'avait pas peur de « ses » parents spécialement, mais il avait peur de rencontrer les parents en GENERAL, à cause d'une mauvaise expérience... Une très mauvaise expérience d'ailleurs. Bien sur que si, elle avait mal entendu. Elle n'avait pas mal entendu, mais elle avait mal compris en tous cas. Il était catégorique là-dessus. Elle avait mal compris parce qu'elle ne lui avait pas laissé le temps de s'expliquer amplement... Mais ça, ce n'était pas nouveau. Il avait toujours sur qu'elle était très impulsive.

Il la regarda reprendre ses mains, payer sa consommation à Alberfoth , se tourner encore vers lui pour ajouter encore autre chose. A peine qu'elle terminait sa phrase qu'il sauta sur ses pieds. Sa faute ?! Elle pensait que c'était SA faute ?! Mais c'était n'importe quoi... Et ce n'était pas fini, non. Tant qu'il y aurait de l'espoir, il se battrait pour. L'espoir était l'une des choses qu'elle lui avait appris, et ce soir elle le lui avait fait retrouver. Alors... Sautant à bas du tabouret et – sans même réfléchir - il paya son whisky à Alberforth et sortit dehors. Il ne l'entendit même pas lui dire qu'il n'avait pas à le payer.... Etant donné qu'il n'avait même pas eu le temps d'entamer sa choppe. Bref, trop tard, Remus était déjà dehors.

Son réflexe dès qu'il fut sortit fut de jeter un coup d'oeil autour de lui comme pour vérifier qu'il n'y avait personne de suspect. Puis, il l'aperçue un peu plus loin et la suivit à distance. Il la vit ainsi marcher un moment. Il était hors de question qu'il la laisse rentrer toute seule. Quand bien même lui dirait-elle qu'elle en était capable. Et même si elle ne voulait pas, et bien elle pouvait toujours lui hurler dessus pour qu'il la laisse rentrer seul, il ne la lâcherait pas. Lui aussi pouvait être très têtu. Il la vit ensuite se laisser tomber sur un banc. Il s'immobilisa sur le trottoir opposé, les mains dans les poches mais finit par traverser pour la rejoindre. Il se laissa tomber sur le banc à côté d'elle.

« Si tu voulais me semer, c'est raté... » fit-il doucement et presque avec humour avant de lui jeter un coup d'oeil beaucoup plus sérieux. Il reprit ensuite : « Un, je tiens à te raccompagner au cas où tu ferais de nouveau une mauvaise rencontre. Deux, nous avons encore à parler. Trois, tu as peut-être bien entendu l'autre jour... Mais tu m'as mal compris. Et de quatre... Ce n'est pas à cause de toi. », termina t-il avant de lui passer un bras autour des épaules et de la serrer contre lui.

Il ferma les yeux pendant quelques secondes, son autre main posée sur le derrière de sa tête. Puis, un léger murmure s'échappa d'entre ses lèvres... « Je ne veux pas que ce soit fini, s'il-te-plaît. Laisse-moi une chance... de m'expliquer. » Il ne l'avait toujours lâché ; il la tenait contre lui comme s'il avait peur qu'elle s'échappe, qu'elle disparaisse. Il avait besoin d'elle. Et il savait qu'elle aussi. Il sentait son cœur battre, quand il la prenait dans ses bras. Il la voulait elle ; pas une autre mais elle. Presque à tâtons, il rechercha ses lèvres et déposa un baiser dessus. Juste un effleurement, une caresse. Il s'éloigna ensuite doucement même s'il attrapa l'une de ses mains pour la garder dans la sienne et plongeant son regard dans le sien, il reprit...

« Ce n'est pas de toi que j'ai peur... Tu es même la plus belle chose qui m'ait arrivée de toute ma vie. Tu n'es pas tout le monde, tu n'es pas comme les autres. Tu ne pourras jamais me faire de mal. C'est de moi que j'ai peur et de ne pas être à la hauteur... Des attentes de tes parents, par exemple. » C'est vrai, les parents veulent toujours ce qu'il y a de meilleur pour leurs enfants non ? Et ils ne s'attendaient certainement pas à ce qu'elle tombe amoureuse d'un loup-garou et qu'elle veuille faire sa vie avec. Il avait peur qu'on le rejette, comme la première fois, pour ce qu'il était. Il avait peur de franchir les étapes trop vite et peur de décevoir. « On peut avoir peur de quelque chose sans pour autant vouloir cesser d'avancer... » Mais parfois, ça allait trop vite. « Si tu me permets de rester, je suis sûr que tu peux me permettre de vaincre ces peurs...  J'ai besoin de toi... » Il leva une main pour venir la poser sur sa joue avant de lui glisser une mèche derrière son oreille et de l'observer avec gravité... « Je ne tiens pas à te perdre... » Il tenait toujours l'une de ses mains dans les siennes. Il la tenait comme si c'était le plus beau trésor qu'on lui ait jamais donné et qu'il avait besoin de la sentir.

Elle ne l'avait pas repoussée. Elle l'avait laissé prendre dans ses bras mais dans ses bras, elle semblait... Ailleurs. Peut-être était-ce dû à la quantité d'alcool qu'elle avait ingéré ou peut-être qu'elle était elle-même perdue. Après ce mois séparé d'elle, il savait et avait compris une chose, c'était qu'il tenait à elle bien plus encore qu'il ne le pensait et qu'il ne voulait pas la perdre. Pour le moment, il ne savait pas si elle avait entendu ce qu'il lui avait dit. Elle semblait presque une poupée entre ses bras qui se laissait faire parce qu'elle n'avait pas la force de résister ou qu'elle était lasse de résister. C'était comme si qu'il avait l'impression qu'il devait se frayer de nouveau un chemin dans son cœur tout en ouvrant le sien également, plus qu'auparavant, parce qu'il savait que sinon ils n'arriveraient pas ensembles. La sentir contre lui, juste tenir sa main, le toucher soyeux de ses lèvres lorsque les siennes s'apposèrent sur elles, tout lui avait terriblement manqué. Il avait cru ne jamais pouvoir la revoir...

Ce soir il se sentait investit d'une force nouvelle, d'un espoir nouveau, celui de vouloir se battre pour sauver leur amour. Parce qu'il l'aimait. Il l'aimait à en souffrir lui-même de la savoir loin ou aller mal, il l'aimait dans tout ce qu'elle était et ce qu'elle lui apportait, il l'aimait à en mourir. Mourir... Pendant tout ce mois-ci, il ne lui avait plus paru que vivre à moitié. Lorsqu'il s'écarte un peu pour la regarder, il remarqua ses joues brûlantes et rougies. Signe qu'à elle aussi le fait qu'il l'embrasse ne la laissait pas indifférente. Rien n'était donc perdu encore, il le savait. Il le voyait dans ses yeux, il s'accrochait à son regard. Il allait ouvrir la bouche pour parler encore  lorsqu'il la vit se redresser légèrement et tourner les yeux vers le sol enneigé.

Il l'écouta attentivement et sentit son cœur se serrer. Un léger frisson parcourut sa nuque descendant dans dans son dos lorsque reportant le regard de nouveau sur elle elle ajouta en glissant une main dans ses cheveux. Ce à quoi il répondit après avoir porté sa main à ses lèvres et y avoir déposé un baiser. Le meilleur choix qu'il avait jamais fait, c'était elle... Il avait peur, certes, mais comme il l'avait déjà dit la dernière fois, elle était la seule qui puisse l'aider à surmonter ses peurs. « Les mauvais choix, je les ais tous pris avant de te connaître. » Sans compter qu'il avait eu le temps de penser en un mois. « Aujourd'hui, tu es tout ce qu'il y a de plus cher à mon cœur. » Il approcha une main qu'il posa sur sa joue et laissa ses yeux s'enfoncer dans la profondeur des siens et s'y perdre quelques temps. « Laisse-moi une chance... Je suis sûr d'en être capable si tu es là avec moi. », ajouta t-il d'une voix voix emprunte d'une sincérité émue. Pendant un instant, il posa son front contre le sien et demeura ainsi. S'il l'aimait ? Il l'aimait sans doute plus encore que s'il avait cru penser. Elle était la partie manquante à sa vie, elle venait compléter ce qu'il n'était pas ; avec elle, il se sentait uni avec lui-même ; avec elle il était complet. Il était prêt à la reconquérir s'il le fallait, il se sentait prêt à faire l'impossible pour elle... Il était même prêt à se battre.

Ils s'écartèrent ensuite un peu l'un de l'autre bien que Remus continua de la regarder, de la supplier des yeux mais sans oser toutefois reprendre ses mains dans les siennes ou la toucher de nouveau. Même si l'envie restait là de la serrer le plus fort qu'il pouvait contre lui et de la garder. Leur petit tête-à-tête fut interrompu par l'arrivée de l'autre-qui-ne-savait-pas-quand-on-lui-disait-non. Le lycan sentit son sang ne faire qu'un tour tandis qu'il reconnut sa voix et qu'il se retournait vers l'autre-sans-gêne qui s'asseyait à côté de l'autre côté de la jeune femme et l'attirait à lui malgré sa tentative de se détacher –. Il laissa un soupir de ses lèvres. Il ne pouvait pas une bonne fois pour toutes aller voir ailleurs lui ? Avec la plus grand répugnance, il l'entendit lui proposer de la... Partager ? C'était une blague ? Il avait une tête à participer à ce genre de choses ? Il ne s'appelait pas Sirius. Sans doute Sirius aurait été ravi de tester ce genre de choses nouvelles en y pensant mais... Pas lui. Et apparemment, tout ce que l'autre voulait là, c'était ni plus ni moins « assouvir un besoin naturel », passer un petit moment de plaisir vite fait et hop. Rien qu'à cette pensée, le lycan sentit sa mâchoire se crisper. Tonks méritait plus que cela. Lui vivant et tant qu'elle voudrait de lui, il ne laisserait pas telles choses se produire.

« Un type qui en veut,  n'est-ce pas? Mais un type qui veut quoi d'après toi ? Tu fais erreur sur la personne. Je ne te ressemble en rien. Nous ne voulons certainement pas la même chose. Pourquoi tu n'irais pas voir ailleurs si on y est? » rétorqua t-il avec fermeté. Sans même attendre qu'il rétorque quoique ce soir, il attira la jeune femme vers lui et se leva, forçant l'autre à la lâcher.

Un coup elle était attirée vers l'un, un coup vers l'autre. Non, non, il ne jouait pas au yoyo. Il voulait juste la protéger. Voir cet autre homme poser sans aucune honte les mains sur la taille de celle qu'il aimait était pire qu'une abomination. Le voir ne serait-ce la toucher lui était insupportable... Alors quant à faire plus que ça, comme le lui « proposait » l'homme... C'était une plaisanterie? Il ne fallait pas pousser l'hyppogriffe dans la marmite… Ce qui l'avait le plus révolté c'était « à la limite on s'y mets à deux »... Ben voyons. Son langage laissait décidément à désirer. Et puis si Tonks n'était pas d'accord hein, il s'en fichait c'est ça ? Seul importait son avis ? Non mais le fait qu'il inclue en plus et qu'il lui dise que c'était ce qu'il voulait lui aussi avait tendance à le mettre hors de lui.

Il se leva du banc avec elle en poursuivant d'une voix qu'il tentait de maîtriser : « Ne touches pas à la femme que j'aime tu entends ? Elle t'a déjà dit qu'elle ne voulait pas. Et tu ne connais rien de nous, je t'interdis de penser qu'elle ne veut pas plus de moi que de toi. On a rien de commun nous deux. » lui lança t-il en le fixant et sans relâcher la pression de son bras autour de la jeune femme. De plus, il n'aimait pas les gens qui s'interposaient ainsi et forçaient les autres à faire des choses qu'ils ne voulaient pas. Elle lui avait déjà dit non et voilà qu'il revenait à la charge. Autant qu'il en sache, à Remus, elle n'avait pas été si catégorique. Elle ne lui avait pas dit « non ». Mais s'il le fallait, il était prêt à se battre pour elle qu'il avait déjà dit. Même s'il n'était pas du genre à foncer comme ça sans avoir auparavant épuiser le reste des possibilités.

« Et je n'aime pas la façon dont vous parlez d'elle. »

Tiens, il était repartit sur le vouvoiement sans même s’en rendre compte, comme s'il mettait inconsciemment une distance définitive entre eux... Entre lui et lui. Ils n'étaient pas pareils, ils ne voulaient pas la même chose. Il resserra sensiblement son bras autour de la taille de la jeune femme bien qu'il restait sur ses gardes et gardait fixé son regard sur celui qui n'était même pas vraiment un rival mais qu'il détestait tout comme.

Remus ne s'attendait pas à être giflé aussi brutalement. Giflé au sens figuré. Il était debout, avait éloigné Tonks des griffes de l'autre et la tenait. A la lenteur de sa respiration, à la tension de ses muscles, l'on pouvait ressentir que s'il paraissait calme de l'extérieur, de l'intérieur il bouillait. La présence de Tonks à ses côtés parvenait à le retenir un minimum. Devant elle, il ne voudrait pas faire « de meurtres » ou du moins se battre de quelques façons que ce soit – mais si l'autre le voulait vraiment et restait aussi collant, il sentait qu'il allait rapidement perdre son calme et la lueur qu'il vit s'allumer soudain dans son regard lui donnait un mauvais pressentiment, lui faisait comprendre qu'il n'allait pas encore partir tout de suite avant d'avoir tenté encore quelque chose. Avec ce pressentiment à l'esprit qui s'insinuait, le lycan resserra un peu son étreinte autour de la jeune femme, comme si c'était la seule façon pour lui de pouvoir garder son calme. Il aurait aimé enfouir son visage contre sa poitrine, fermer les yeux et rester simplement là, loin du monde... Du moins si cela ne l'avait pas faire ressembler à un enfant qui avait besoin encore de la tendresse et de la protection de sa mère. Il y avait un intrus de présent. Il ne pouvait pas agir ainsi. Il ne devait pas passer pour un enfant... Mais pour un adulte fort.

C'est alors que, dangereusement, il vit l'homme se lever et avec un sourire qu'il n'aimait guère sur le visage, il se rapprocha... Remus sentit sa tension intérieure croître alors qu'il sentait tous ses muscles se mettre sur leur position self-défense. C'est-à-dire que si ce qu'il cherchait était de provoquer Remus en duel, c'était assurément ce qu'il allait gagner... Remus n'était pourtant pas du genre à se battre comme cela, à la première provocation venue...

Très fort il devrait en effet l'être. Surtout lorsque l'autre homme commença à déverser des mots emplis de venin... Dès ses premiers mots, Remus sentit une subite tension dans son dos et ses yeux devinrent plus sombres encore. Ses jambes flageolèrent légèrement lorsque le nom de celui qui avait fait de lui ce qu'il était parvint à sa pensée tandis qu'il sentait pourtant une sourde colère s'immiscer en lui. Ses doigts se crispèrent tandis qu'il tenait toujours la jeune femme contre lui et son visage perdit le peu de couleurs qu'il avait lorsqu'il entendit la fin de son discours venimeux. Il sentit son souffle perdre son rythme régulier et devenir plus lourd. Comme s'il avait du mal à respirer. Si un regard seul pouvait tuer, l'autre serait déjà mort à vrai dire. S'il pensait que s'en prendre à lui de cette façon allait arranger son cas face à l'opinion de Tonks, il se trompait lourdement. Remus connaissait la jeune femme... Mieux que lui en tous cas.

Etait-ce une illusion ou venait-il de sentir un bras de Tonks s'enrouler autour de sa taille ? Quoiqu'il en soit, il ne dit rien, laissa faire mais prit cela comme une demie-victoire. Cela lui redonna un peu le courage d'un combattant quand bien même les paroles de l'autre homme venait de lui créer comme un énorme coup de poing à l'estomac. Il ne l'avait pas touché mais c'était pire. Le bras de la jeune femme autour de ses hanches était encore mieux qu'un soutien et il se raccrocha à elle-même. L'homme fort n'était pas aussi fort intérieurement... Quand on touchait l'une de ses faiblesses. Ami avec Greyback... Lui ? Un animal … Un croisement entre un animal et un humain qu'il avait dit... Et comment pouvait-il prétendre connaître ce qu'il y avait dans le fond de sa pensée ? Il sentit ses doigts se crisper et se resserrer dans sa poche à l’emplacement où était rangée sa baguette et il amorça un pas en avant.

Tonks ne lui laissa pas le temps de répondre et son geste amorcé se perdit lorsqu'il sentit ses mains se poser de chaque côté de son visage et ses lèvres venir rencontrer les siennes, l'embrassant brièvement mais tendrement. Son cœur se mit à battre plus fort et il sentit s'entourer d'une sorte de halo se créer tout autour qui vint le guérir instantanément de la blessure que ces mots lui avait créé. Sortit de sa surprise, il laissa ses lèvres répondre à son baiser puis il la vit s'écarter, les joues rougies. Il garda son regard ancré au sien. Un sourire vint se dessiner sur ses lèvres tandis que s'allumait dans ses yeux la flamme de l'espoir. C'était sa chance, la chance qu'il espérait. Il approcha une main pour venir caresser sa joue. Il en avait oublié l'autre homme. Il n'y avait qu'elle.

Il reprit conscience de sa présence lorsque ce dernier émit une sorte de rire de mépris ou de dégoût. A moins que ce soit la frustration de n'avoir pas réussi ce qu'il voulait faire ? Ou encore était-ce la frustration vis-à-vis du fait que c'était Remus qui avait eu ce que lui avait voulu avoir ? Quoiqu'il en soit, cela rappela à Remus sa présence et tournant la tête vers lui en le fixant d'un regard qu'il essaya imperturbable bien que la tension était palpable dans sa voix, il répondit :

« Un, tu apprendras que je ne suis pas ami de Greyback et que je ne le serai jamais... Ensuite tu ne sais rien de ce qui est dans ma pensée... Le monstre n'est pas toujours celui que l'on croit. Et dernièrement, elle sait qui je suis. » Il resserra instinctivement son bras autour de sa taille. Cette dernière avait deux significations. L'une disait qu'elle savait en effet qu'il était un loup-garou mais que cela ne changeait en rien la nature de ce qu'elle ressentait pour lui, et de deux cela pouvait vouloir dire qu'elle savait qui il était vraiment au fond, au-delà de son identité de lycanthrope...

Malgré lui, il ne pouvait cependant penser à ses derniers mots à savoir qu'elle se salissait déjà à traîner avec un... Bref, avec lui. Le lycan sentit un goût amer au fond de sa gorge. Il essaya de ne pas y penser parce que c'était justement ce qu'il voulait... Le plus important, c'était ce qu'elle pensait elle, pas les autres ; le plus important c'était ce que pensait ses amis de lui. Lui, ce n'était pas un ami. Il tourna la tête vers elle et lui adressa un léger hochement de tête. Il voulait partir d'ici assez rapidement oui. Il avait peur de faire quelque chose qu'il risquait de regretter après parce que justement, il n'était pas un meurtrier. Accroché à sa main comme une bouée de sauvetage, il la supplia presque du regard de partir au plus vite d'ici. Il ne voulait plus y penser, mais tant qu'il serait ici, il y penserait.

Il n'était pas un animal, il n'était pas un monstre... C'était trop pour pouvoir le supporter.

Se souvenant soudainement qu'elle serait sans doute dans l'incapacité de transplaner à cause du fait qu'elle avait bu un peu trop de Whisky, il prit la décision de les transplaner lui-même et sans adresser un autre regard à l'homme, il se concentra et quelques secondes plus tard, il se sentait partir. Espérons quand même que l'autre n'ait pas idée de s'accrocher à eux, manquerait plus que cela... Sinon il allait finir par lui décocher un bon coup de poing dans le nez pour l'assommer, même s'il n'était à la base pas pour la violence. Oh et puis, non pourquoi se salir les mains ? Autant utiliser sa baguette, le stupefixier et le laisser abandonné en pleine forêt.

En tous les cas, lorsqu'il rouvrit les yeux, ce fut pour reconnaître la rue où habitait les parents de Tonks. Quelque chose, au fond de lui, semblait avoir disparu et il se sentait moins tendu.

Il faisait silence dans la rue. Remus regarda autour de lui. Il n'y avait personne, hormis eux. Ils n'avaient pas été suivis ; le sangsue ne s'était pas accroché à eux pour les suivre. Aussitôt qu'ils furent arrivés, le lycan se tourna vers Tonks, s'inquiétant à cause du fait qu'elle avait bu. A une époque où il avait ramené chez eux Sirius ou encore James, et bien il savait que l'alcool et la transplanage ne faisaient pas bon ménage. Aussi espéra t-il que Tonks n'allait pas... Enfin vous voyez quoi. Mais si elle sembla un peu malade au début, et bien fort heureusement elle ne vomit pas. Elle mit environ cinq minutes pour se reprendre et Remus les lui accorda bien volontiers.

Il avait tenu promesse. Il l'avait raccompagnée chez elle. Enfin, pas tout à fait. Ils étaient juste dans sa rue. Il allait la raccompagner jusqu'à la maison et... Et... Et après ? Que ferait-il ? Rentrer chez lui ? A vrai dire il n'avait pas très envie de partir maintenant, juste après l'avoir raccompagnée. Non, il allait rester... Du moins il allait au moins attendre qu'elle s'endorme. Après, il verrait. Peut-être s'endormirait-il dans l'un des fauteuil en bas. Les Tonks lui en voudraient-ils, Non sûrement qu'ils lui seraient reconnaissant de l'avoir raccompagnée la veille. Evidemment, mieux vaudrait éviter de leur préciser que leur fille avait ingéré pas mal d'alcool le veille. Pas la peine de leur donner tous les détails. Il l'avait croisé à Pré-au-Lard, il était venu la sauver alors qu'elle avait quelques problèmes avec un homme qui ne voulait pas la lâcher et... En gros, Remus passerait pour le sauver. Si avec cela les Tonks ne l'aimait pas, il ne savait pas comment faire... Et oui, en lui il y avait toujours cette crainte qu'il ne soit pas à la hauteur de ses parents. Remus inspira longuement et lentement. Tout se passerait bien. Il avait confiance. Il avait confiance en elle...

Il lui tenait toujours la main et elle l'entraîna jusqu'à la maison. Une fois qu'ils furent arrivés devant la porte, elle lui dit qu'ils allaient finir la paix au chaud et Remus eut un sourire amusé. Il la suivit ensuite à l'intérieur tandis qu'elle ouvrait la porte et le faisait entrer. Pour la seconde fois, le voici dans la demeure des Tonks. Il espérait au fond que cela allait mieux se passer que la première. Alors qu'il songeait à cela avec un arrière-goût amer dans la bouche, il se laissa enlever sa veste puis son écharpe par Tonks. Comme elle le lui avait dit juste avant d'entrer, ses parents étaient déjà couchés. Il se demanda d'ailleurs quelle heure était-il et chercha une pendule quelque part dans le hall. Il n'eut guère le temps d'en trouver car Tonks venait de l'entraîner dans l'escalier. Il la suivit. Evidemment, il fallut qu'elle se prenne une commode et Remus s'immobilisa soudain, priant pour que ses parents n'aient rien entendu. Malheureusement la voix de sa mère retenti suivies de celle de son mari qui lui dit que, qui d'autres à part leur fille, ferait un boucan d'enfer pour rentrer à la maison à une heure du matin ? Remus retint un sourire amusé. Il dut bien admettre que là, il marquait un point...

Il avait l'impression d'avoir retrouvé ses quinze ans. Même si, à cet âge-là, il n'avait même pas encore eu de petite copine. Après tout, c'est tôt hein quinze ans ! Je sais qu'évidemment, ça dépend des adolescents. Sirius, par exemple, lui à quinze ans, il y avait longtemps qu'il avait eu embrasser sa première fille. Tandis que Remus, et bien son premier baiser, on va dire qu'il n'a pas été avant quinze-seize ans. Et bien c'était pendant le bal de Noël... Et c'était ses amis qui lui avaient arrangés le rendez-vous par qu'à la base, Remus n'avait pas osé inviter la fille qu'il voulait, prétextant qu'il n'avait pas envie d'aller au bal de toutes façons et de danser. Dans son dos, ils avaient avaient tout arrangé...

Oui, il avait l'impression d'avoir quinze ans – ou plutôt seize - et qu'il rentrait en douce dans la maison de sa petite-amie. Ils marchaient avec précaution, essayant de ne pas faire de bruits. En tous les cas, Remus savait à présent quelle heure il était. Il était pas loin d'une heure du matin, son père lui avait dit. Alors que ses parents la pensaient donc seule, elle guida Remus jusqu'à sa chambre où ils entrèrent tous deux. C'était aussi la seconde fois qu'ils se retrouvaient là. Remus jeta quelques coups d'oeil autour de lui alors que la jeune femme allumait sa lampe de chevet et lui faisait signe de prendre ses aises. Remus esquissa un sourire et vint doucement s'asseoir sur le bord du lit. Il tourna la tête, amusé, et l'observa parler avec sa peluche... Mr Cat. Alors comme ça, elle le trompait avec ce Mr Cat. Intéressant... Il faudrait qu'il lui en touche un mot. Lui qui pensait que pendant le mois de leur rupture, elle dormait seule ! Trêves de plaisanteries, ce n'est pas toi qui a bu là Remus, mais elle. Surtout qu'elle se tournait vers lui et lui demandait – suppliait serait plus le mot – s'il restait. Remus n'eut pas le courage de refuser. Surtout qu'il s'était promis en plus de ne pas s'en aller avant qu'elle ne se soit endormie... Et encore, il resterait dans le fauteuil. Sauf qu'il avait la bizarre impression que Tonks ne le laisserait pas dormir tout seul dans le fauteuil. Tiens, d'ailleurs, il se demanda comment elle dormait... En quelle tenue je veux dire.

Elle n'avait pas besoin de toutes façons d'essayer de l’apitoyer pour qu'elle reste, car il avait l'intention de rester. Il ne voulait pas recommencer le même fiasco que la dernière fois . Il voulait lui plaisir. Il hocha lentement la tête en esquissant un sourire, lui affirmant qu'il allait rester. Le temps qu'il fallait en tous cas. Elle lui dit ensuite de s'installer dans le lit afin qu'ils puissent s'y glisser au plus tôt pour avoir bien chaud. Remus hésita et regarda alternativement le lit et elle. Il n'allait pas entrer avant elle en tous cas... Il n'oserait pas. Il se pencha par devant et défit ses chaussures qu'il abandonna au pied du lit. Déjà, il se sentait plus à l'aise. Il retira ensuite son pull et le posa sur une chaise à côté puis, il se figea et il sentit son visage blanchir.

Sans gène apparente, elle avait commencé à se déshabiller... Sans prendre le temps d'aller au moins se cacher et... A vrai dire, même si la pièce n'était qu'éclairée que par une petite lampe de chevet, il faudrait être aveugle pour ne pas que ses yeux dérapent sur son corps dévoilé. Même si elle lui tournait encore le dos. Bon d'accord, elle avait peut-être habitude de se déshabiller comme « ça » tous les soirs, mais là, en l'occurrence, il était là ! Il faudrait peut-être qu'il le lui rappelle... Sur cette pensée, le lycan se racla la gorge discrètement. A ce moment-là, elle se retourna vers lui et Remus en perdit ce qu'il s'apprêtait à dire. Heureusement qu'il faisait à moitié sombre pour que cela parvienne à dissimuler la rougeur de ses joues subitement née. Il détourna les yeux aussitôt, le temps qu'elle aille fouiller son tiroir pour y dénicher un sous-vêtement pour le bas. Fort heureusement elle ne dormait pas toute nue...

Que dis-je ? Mais si, c'était exactement la même chose en fait. Elle dormait quand même PRESQUE toute nue. Elle ne portait... Qu'une... Qu'une culotte ! Et... Et le reste alors ?! Elle pensait à son petit cœur ?! D'ailleurs, ce dernier dansait la salsa dans sa poitrine. Il la vit lors venir se rasseoir sur le lit. Remus, toujours en chemise et en pantalon et avait la sensation que ses entrailles se mettaient également à danser, l'écouta lui dire qu'elle était contente qu'il soit là. Le lycan esquissa un sourire et n'eut pas le temps de répondre quelque chose qu'il vit ses lèvres emparées. Il sentit son cœur se mettre à battre follement alors qu'il sentait le contait le contact de ses lèvres sur les siennes et il sentit un frisson lui parcourir l'échine. Lorsqu'elle s'éloigna, Remus avait très toujours chaud aux oreilles et était très embarrassé par sa très proche présence – sans compter qu'elle était presque nue. En se souvenant de nouveau de ce « détail », il se sentit encore plus mal à l'aise...

« Tu... Heu... Tu comptes vraiment dormir ainsi ? » demanda t-il tout timide et en s'efforçant de garder ses yeux ancrés sur son visage et de ne pas dévier. « Tu veux pas mettre... Je sais pas... Un petit t-shirt ? » ajouta t-il dans un murmure un peu rauque. Lui aussi était content de la revoir, tout comme il était content d'être avec elle ce soir, de rester... Dormir. Toutefois, cela l'arrangerait assez si elle mettait juste quelque chose de plus... Habillé, en l’occurrence. Parce que là.... Là... On ne pouvait pas vraiment dire qu'elle était habillée en fait.

C'était vraiment très embarrassant... Comment elle voulait qu'il parvienne à dormir dans ces conditions ?!

Remus espérait qu'elle allait mettre un petit-shirt, juste un petit T-shirt... Un tout petit, parce qu'il sentait qu'il avait bien du mal à se concentrer uniquement sur son visage et lorsqu'elle lui demanda s'il lui plaisait, le lycan sentit une adorable, et pourtant très embêtante rougeur lui monter au niveau des oreilles. Ce que c'était chiant quand même. Il avait l'impression de rougir comme un adolescent qui voyait sa petite-amie pour la première fois devant ses yeux... Enfin, ce n'était pas la première fois qu'il voyait un corps de femme devant ses yeux en vérité, mais jamais vraiment un ne lui ferait autant d'effet du fait de sa proximité. Il en était sûr... C'est pour cela qu'il pensait à... A quoi ? Réfléchis, réfléchis. A du chocolat. Au moins, le chocolat c'était innocent. Une bonne tablette de chocolat fondante. Ne pas penser à son corps tout près du sien, ne pas penser... Absolument pas. Son cœur palpitait dans sa poitrine et il faisait tout son possible pour contrôler ses pensées.

Lorsqu'elle l'entendit lui dire que s'il voulait, elle pouvait prendre le physique qu'il voulait, il ne parut pas immédiatement et il se contenta de la regarder, les sourcils froncés, incrédule. Puis, il fit de drôles de yeux et la regarda, surprise. N... Mais pas du tout. Il ne voulait pas qu'elle change pour lui faire plaisir. Surtout que la voir juste comme elle était toujours suffisait à le combler. Après, ce n'était pas d'une autre qu'il était tombé amoureuse, non ? C'était d'elle. Pourquoi devrait-elle changer quelque chose d'elle alors que c'était justement tout ce qu'il avait vu d'elle jusque là qui faisait qu'il était tombé sous le charme ?! C'était totalement... Ridicule de penser ainsi. Comme si déjà, à ses yeux, elle n'était pas déjà parfaite. Justement, elle l'était trop... Trop parfaite. Et sans qu'il puisse s'en empêcher il repensa aux mots que lui avait dit l'autre homme, à savoir qu'en la touchant simplement, il allait la salir... Comment pourrait-il donc poser ses mains sur quelque chose d'aussi parfait ? C'est à peine si, honteux, il osait poser les yeux sur elle... Sur le reste de son corps du moins, outre le visage.

Lentement, il approcha une main de son visage et effleura sa joue... « Comment tu peux même poser cette question ? » lui fit-il, un léger sourire aux lèvres en sentant comme des papillons dans son ventre. Il n'était pas le genre d'homme qui demandait à des femmes de changer quelque chose pour correspondre exactement à leurs fantasmes... Pour lui elle était déjà trop parfaite, tellement qu'il se demandait s'il avait le droit de poser les mains sur elle.

Elle déposa un baiser sur ses lèvres et Remus se rendit compte qu'il avait très chaud. Ce qui le rassura fut de la voir se lever pour aller chercher un T-shirt. Se relevant sur un coude, il ne put s'empêcher de la suivre des yeux – de dos – jusqu'à la commode où elle prit un T-shirt – et lorsqu'il s'en rendit compte il se donna une gifle mentalement et fermant les yeux, il posa une main sur son front, essayant de s'ôter de l'esprit certaines images très perturbantes qui ne jouaient pas dans le but de se calmer.

Il ouvrit de grands yeux en la voyant se retourner ensuite et il ne put s'empêcher d'émettre un léger rire tandis qu'elle lui demanda si ce T-shirt là lui plaisait. Il décrypta dans la faible luminosité ce qu'il y avait d'écrit en lettres rose « Werewolf Girl »... La fille Loup-garou... Ou alors, la fille au Loup-Garou pouvait-on penser, non ? Il la laissa revenir à nouveau sur le lit pour aller se blottir sous les draps. Dans la pénombre, sous la faible lueur de la lampe de chevet, le lycan finit alors par ôter ce qui lui restait de vêtements. D'abord, le pantalon. Ensuite, la chemise... Habituellement, il avait plutôt honte de montrer son corps tel qu'il était, mais là, ils étaient dans la pénombre non ? Et puis, il savait qu'elle ne se moquerait pas de lui... Lorsqu'il se retrouva en caleçon, il se glissa lui-même sous la couverture pour la rejoindre et s'allongea près d'elle. Il pouvait voir dans le noir sa silhouette se détacher sur le matelas. Sans doute était-ce grâce au fait qu'il était lycanthrope, il parvenait mieux à distinguer dans la pénombre les choses que les humains verraient moins bien nettes.

« Et j'adore ce T-shirt... » fit-il en se rapprochant et posant une main sur sa taille. C'est vrai, il ne pouvait s'empêcher de le trouver mignon, quand bien même il y avait le mot « werewolf » d'écrit dessus. « Porté sur toi... Je me mettrais presque à apprécier ce mot... » ajouta t-il avec un mince sourire. Attention, presque. Il tenait néanmoins encore à mettre au point une chose qui lui tenait à cœur... « Tu sais que tu n'as pas à changer quoique ce soit pour me plaire davantage... » Juste qu'elle reste, comme il l'avait toujours connue en tous les cas. Elle n'avait rien à changer. Il esquissa un sourire et déposa un bisou sur ses lèvres.

Il l'observa un instant. Finalement, ce n'était pas difficile de rester dormir avec elle. Il ne savait pas pourquoi il n'avait pas voulu rester la dernière fois. Pourquoi avait-il donc eu peur ? C'était même très agréable. Non d'ailleurs, tout bien réfléchi, il ne lui avait jamais dit qu'il ne voulait pas rester. C'était juste elle qui avait mal compris ses paroles et elle s'était fâchée puis l'avait laissé en plan dans la cuisine. Alors il n'avait eu d'autres solutions que d'attendre un peu, d'au moins aller jusqu'à sa porte... Mais comme elle ne semblait plus vouloir entendre parler de lui, alors il avait fini par redescendre et partir. Malheureusement il était redescendu au moment même où ses parents venaient de revenir. Heureusement pour lui il avait su à peu près faire face et contrôler l'angoisse subite qu'il ressentait. Ce soir, ils ne savaient pas qu'elle n'était pas rentrée toute seule. Ce soir, il était incognito ici... Il n'aurait peut-être pas dû rester sans qu'ils soient au courant – après tout, cela restait ses parents à elle – Quelle excuse allait-il donc leur fournir sur le fait qu'il soit rester ici ? Il avait beau avoir dépassé la trentaine, et même s'il était responsable et savait être sage, peut-être que ses parents n'apprécieraient pas qu'il soit resté dormir, qui plus est dans le le lit de leur fille ? Les parents, c'était très protecteur quand ils s'y mettaient... Qu'il ait vingt-trois ans ou trente-cinq, sans doute ne feraient-ils aucune différence...

Encore mieux : à trente-cinq, on était censé être plus responsable qu'à vingt. Mais cela ne dépendait pas que de lui, mais aussi d'elle... Parce que ce n'était pas lui qui faisait exprès de venir le chercher !

Lorsqu'elle lui répondit qu'à elle aussi il lui plaisait beaucoup. - Outre le fait qu'elle avait bu quelques verres de Whisky et que cela aurait pu en être la cause, il ne pouvait pas mettre en doute ses paroles. On lui avait dit cela auparavant, mais jamais avec autant de sincérité dans les yeux, autant de tendresse. Tout dans son regard ou les gestes qu'elle faisait envers lui, tout venait lui montrer qu'elle ne mentait pas. En entrant dans la Tête du Sanglier lorsqu'il l'avait vue, il avait été loin de penser que la soirée aurait fini ainsi, qu'ils se seraient réconciliés, quand bien même l'aurait-il espéré. Mais il l'avait bien raccompagnée chez elle et elle l'avait bien ramenée dans sa chambre alors que sa décision avait été de s'arrêter sur le pas de la maison et pas après.

Il s'était dit « pourquoi pas ? Il pouvait au moins entrer cinq minutes » et après il repartirait. Puis, il s'était dit qu'il allait attendre qu'elle se couche et il partirait sans bruits mais avec la certitude qu'elle s'était bien endormie et qu'il ne lui arriverait plus rien. Et au final, il se trouvait dans son lit et n'avait plus aucune envie de partir. Voilà qu'à présent il se disait qu'il allait au moins rester dormir jusqu'au matin. Ce n'était pas grand-chose de rester dormir. Et puis, ils étaient en couple, non alors ses parents n'iraient rien lui dire ? En tous les cas, ils s'étaient réconciliés... Donc ils étaient de nouveau en couple, n'est-ce pas ? Il pouvait le considérer ainsi ? En tous les cas, ses pensées furent interrompues...

Il sentait sa main posée sur son torse et cela ne put l'empêcher de lui procurer un long frisson puis lorsque leurs lèvres se séparèrent après le baiser qu'elle lui donna, le lycan était parcouru de sueurs froides et chaudes alternativement et une indicible volonté se faisait en lui d'unir à nouveau ses lèvres avec les siennes. C'était comme s'il ne s'était rien passé il y avait de cela un mois et demi. Comme s'ils n'avaient jamais été séparés... Ou peut-être que si. Après un mois et demi de séparation forcée, c'était sans doute une impression mais ses lèvres semblaient être « en manque » des siennes. Dès qu'il les effleurait d'un baiser, elles avaient envie de s'y sceller de nouveau et de ne plus s'en séparer. Au lieu de cela, il se perdit un moment dans ses yeux avant qu'elle ne se mette à répandre tout un tas de baisers sur son torse. Il baissa lui aussi la tête, surprit, et la regarda faire. Ce serait mentir de dire qu'il n'appréciait pas ces petites douceurs... Etait-ce une impression où descendait-elle également sa jambe contre les siennes ?! A quoi jouait-elle... Ce qu'elle ne tarda pas à lui faire comprendre lorsqu'elle lui avoua avoir envie d'un gros câlin...

Sa première réaction fut de s'esclaffer avant de se rendre compte qu'elle avait l'air vraiment sérieuse et que s'il n'arrêtait pas tout de suite sa main, ils étaient bien partis pour « faire des galipettes » sous les couvertures ! Non mais... STOP attendez, ses parents dormaient dans la chambre d'à-côté ! Ils ne pouvaient pas. Il ne pouvait pas se lâcher ainsi, il devait pouvoir se maîtriser. Et puis, de quoi aurait-il l'air au matin hein ? D'un adulte même pas capable de résister aux charmes que lui faisait leur fille. Vachement responsable comme adulte hein ! A n'en pas douter, il se souviendrait de lui ainsi. Il ouvrit la bouche pour protester au moment où il se rendait compte qu'elle s'était saisi de sa main et qu'elle la glissait sous son joli T-shirt. Pourquoi lui avait-il demandé d'en mettre un ? Et bien c'était justement pour s'empêcher de la voir nue et ainsi de laisser son imagination faire des tours et des tours. Et là que faisait-elle ?! Il ne put s'empêcher malgré lui de se sentir frissonner tandis que sa main allait au contact direct avec son ventre et il sentit les battements de son cœur s'accélérer.

Et... Qu... Quoi ? Que venait-elle de dire ? Qu'il ne la laissait pas totalement indifférent ? Mais comment pouvait-elle savoir hein... ?! Ce n'était pas vrai, elle... Elle... Remus se sentit blêmir puis rougir brusquement en se rendant compte de ce qui l'avait trahi : sa main avait tendance à un peu trop descendre. Fort heureusement, il faisait noir et il n'eut pas à se préoccuper de la rougeur ainsi créée sur ses joues. De toutes façons, elle s'était rapprochée pour de nouveau l'embrasser et Remus, malgré toute sa bonne volonté ne trouva rien de plus responsable que répondre à son baiser. Posant les mains de chaque côté de son visage, il approfondit le baiser et ne tarda pas à forcer le barrage de ses lèvres qui ne lui résista à vrai dire pas longtemps... Puis, brusquement il se souvint de nouveau de ses parents dans la pièce à côté et il arrêta de l'embrasser. Reprenant un peu de lucidité, il l'écarta un peu de lui et murmura, le souffle un peu rauque... « Tes parents... On ne peut pas... Ce n'est pas raisonnable... » Bien qu'il fasse noir, il la regarda dans ses yeux. Sa vision nocturne était un peu plus meilleure que celle des simples sorciers dont il distinguait la forme de son corps assez distinctement dans les ombres... Il rapprocha son visage avant de poser son front contre le sien. Il ferma les yeux quelques instants, tentant de calmer les palpitations assez fortes de son cœur.

La sentir tout contre lui, entendre son cœur battre tout près du sien presque à l'unisson, sentir la douceur de ses lèvres sur les siennes et le parfum de sa peau, voir l'amour et le désir se refléter dans ses yeux à son égard... Sentir tout cela à fleur de peau. Comment avait-il pu avoir peur de cela auparavant ? Ce qu'il ressentait dans ces instants où ils étaient ensembles étaient tellement uniques, emprunts de significations pour lui et synonymes de tant et tant de choses. Il se sentait normal, il se sentait unique, il se sentait aimé. La proximité de son corps avec le sien lui créait des tourbillons en lui-même, lui anesthésiait les sens et il avait cette impression de vouloir la savoir encore plus près de lui, quitte à ce que jamais ils ne se séparent. Il avait besoin d'elle, il avait besoin de son amour pour se sentir vivant, il avait besoin de sentir ses mains sur son corps, de les sentir glisser sur son corps, comme pour lui prouver qu'elles n'étaient pas un barrage à leur histoire. Il avait besoin de sentir normal. Il n'en avait jamais autant pris conscience que lors de ce mois dernier où il avait pensé tout cela perdu... Il l'avait vraiment cru, mais alors il y avait eu ce soir où ils n'étaient pas destinés à se croiser au bar des Ténèbres et pourtant, par un heureux hasard, ils s'étaient rencontrés...

Il attendait sa réponse... Enfin, il n'était même pas certain qu'elle allait lui répondre quelque chose à ses modestes inquiétudes qui sans doute étaient bien loin des siennes et les mots qu'elle dit lui confirma son impression. Il haussa un sourcil. Ils ne savaient pas qu'il était là ? Mais au matin hein ? Ils ne le sauront toujours pas peut-être ?! Quand ils devraient se lever et descendre en bas hein ! Oh, ce n'était pas grave voyons. Tonks laissait donc souvent dormir des amis dans sa chambre c'est ça ?! Il n'en croyait pas un seul mot. Il allait se faire démonter au réveil il en était certain, surtout si ses parents pensaient qu'ils... Qu'ils... Enfin, qu'ils avaient fait plus que dormir. Il avait quand même plus de trente ans, c'était à lui d'être responsable pour deux. A lui plus encore qu' à elle. Normal, c'était le plus vieux ici... C'était le plus raisonné. Ce qu'elle lui répondit ne joua donc aucunement dans le fait de le rassurer.

Il sentit alors ses doigts se refermer sur sa main et quelques secondes plus tard, sa paume se poser à l'emplacement du cœur de la jeune femme. Il se demanda où elle voulait en venir mais la réponse ne tarda guère à venir. Il ferma un instant les yeux, comptant les battements de son cœur pour les unir aux siens qui battaient de même. Oui... Il se perdit un instant. Enfin, elle réfléchissait peut-être plus souvent que lui avec le cœur, mais pas lui... Lui, il réfléchissait toujours avant aux conséquences de ses actes. C'était presque comme une... Une sécurité, une assurance qu'il ne faisait pas une erreur. Et là, sa raison lui soufflait que ses parents se trouvaient juste dans la chambre d'à côté et une fois que cette idée lui était revenu dans l'esprit, il était incapable de ne pas y penser et il était incapable de ne pas en tenir compte.

Il la sentit s'éloigner et tourna la tête en même temps qu'elle, intrigué, vers là où elle se tourna. Il la vit ainsi prendre sa baguette et il devina qu'elle était en train de jeter quelques sorts qu'il ne parvint à deviner par le fait même qu'elle ne les prononça pas à haute voix. Sous la lumière de la lampe qu'elle avait rallumé, il ne put s'empêcher de laisser glisser ses yeux sous les courbes de son corps qu'il discernait sous son T-shirt. Sans pouvoir le contrôler, il sentit une brusque chaleur venir lui envahir le visage et il s'efforça de chasser les idées qui lui étaient soudain venu. Pour mieux ne plus y penser, il referma les yeux, mais cela n'eut guère d'effet. Il ne rouvrit les yeux que lorsqu'il l'entendit lui dire qu'il pouvait se détendre et que ses parents ne les entendraient plus. Se détendre...Se détendre... Alors là, c'était relativement impossible. Surtout en la sachant si proche. Il était tout simplement impossible qu'il se détende. Non seulement il était aussi nerveux que si c'était la première fois qu'il avait une femme dans son lit – même s'il n'y en avait pas eu beaucoup – mais en plus, les idées qui grandissaient dans son esprit ne pouvaient que le rendre encore plus nerveux...

C'est alors qu'il se rendit compte que les mains de la jeune Métamorphomage étaient reparties à l'assaut de son corps et malgré lui, son corps se mit à frissonner. Elle était également venue l'empêcher de répondre quoique ce soit en l'embrassant – comme si elle pensait que cela l'empêcherait de répondre quelque chose s'il le voulait vraiment. Elle ne le connaissait pas... Mais par ses caresses prodiguées, il sentit son souffle devenir de plus en plus rauque, sa respiration plus rapide et un vrai incendie semblait irradier de l'intérieur de lui-même. Il sentait son désir enfler en lui. Tonks avait toujours su avoir tout ce qu'elle voulait... Elle avait voulu l'avoir ; elle avait gagné. Elle avait espéré qu'il reste dormir chez elle la dernière fois ; et voici que ce soir il était resté après un mois qu'ils ne s'étaient vus. Il savait de toutes façons qu'il n'avait pas le courage de lui résister. En avait-il vraiment envie ?

Il tenta de parler une première mais rien ne parvint. Il dut s'y reprendre à une seconde fois pour réussir à parler... « Dora... Non... » laissa t-il échapper dans un souffle rauque en essayant de se saisir de sa main qui allait bien trop loin à son goût. Il sentait sa volonté lâcher et sa raison perdre pieds, ne plus savoir ce qui était bon ou pas. Parvenant à attraper sa main, il la ramena vers lui, déposa une brûlant baiser dessus avant de la poser sur son torse. Elle allait trop vite ; elle brûlait les étapes. Il avait envie de sentir sa main glisser sur son torse, comme si en passant ses doigts sur chaque cicatrice, elle les guérissait. « Attends... » Fermant les yeux, il fit glisser ses doigts doucement sur les cicatrices qui lui barraient le torse et qu'ils n'avait même pas besoin de regarder pour connaître leur emplacement exact. Non seulement il voulait prendre son temps, ne pas aller trop vite, mais il voulait encore se rassurer sur le fait qu'en touchant ce que lui détestait tant et bien elle n'avait pas peur. Il en avait besoin. Il avait besoin de se sentir normal, il avait besoin de savoir que toucher ses cicatrices ne la répugnait pas, ne l'effrayait pas... Il lui maintenait toujours la main. Les yeux clos et frissonnant sous son toucher, il continua de guider ses doigts sur chacun des tracés de ses cicatrices. Il se sentait guérir, il se sentait presque normal...

Il rouvrit les yeux et la regarda. Il avait beau faire sombre, mais lui, il savait qu'il la regardait. Il la discernait sans mal et de plus, il sentait son souffle sur son visage. Il relâcha sa main enfin pour la poser sur sa joue chaude. Dans un murmure, il demanda... « Qu'est-ce que... Qu'est-ce-que cela te fait...  De les toucher? » Lui, toutes les fois qu'il s'était regardé – le matin, dans la salle de bain – il n'osait même pas poser les yeux sur son corps... Il se dégoûtait. Qu'en était-il des autres ? Qu'en pensait-elle, elle ? Certes, il faisait sombre, mais elle pouvait le toucher, sentir ses cicatrices sous ses doigts …

« Tu crois... Il n'a pas... Raison, n'est-ce pas ? Ce qu'il a dit... Tout à l'heure... » Qu'en le touchant, elle se salissait... Et si c'était vrai ? Il ne voulait pas... Il ne voulait pas la « salir »... Les mots qu'il lui avait dit tout à l'heure étaient comme du venin qui se répandaient au fur et à mesure dans le sang. Ils l'avaient touché bien plus qu'il n'avait voulu lui montrer. Son seul remède résidait en ce que lui répondrait Tonks. Sa voix voulait être ferme, mais elle tremblait un peu.

Il avait besoin de savoir ce qu'elle pensait vraiment. Les paroles de cet homme qu'il ne connaissait même pas hier avait laissé un profond sillon au fond de lui, mais ce sillon malheureusement ne datait pas seulement d'aujourd'hui. Il était bien plus ancienne ; C'était une ancienne blessure que le rejet des gens avait peu à peu créé en lui. Il l'avait endormie depuis longtemps mais ce soir, elle s'était réouverte. Il lui avait fait ressurgir de nouveau ces craintes de ne pas être assez bien pour quelqu'un, ces craintes de « salir » tout ce qu'il touchait... Mais ce qu'il sentait sur son torse c'était bien les doigts de Nymphadora et cela lui faisait bien plus de bien que n'importe quoi parce que déjà, elle n'avait pas cherché à retirer sa main. Jusqu'à ce jour, il avait craint que ce genre de choses arrive, mais rien de tel n'allait arriver ; il devait garder confiance... Il devait avoir foi en elle.

Elle n'avait pas peur de le toucher, de voir à quoi il ressemblait dévêtu. Son cœur sembla se réchauffer lorsqu'elle lui répondit. Chaque mot avait l'effet d'un baume de posé sur son cœur. Chaque injustice de créée à ce jour en lui et qui avait creusé un sillon... Chaque injustice qu'il avait subi était comblé après chaque mot qu'elle disait. Dans l'espoir de les évacuer, il ferma les yeux tandis qu'il sentait des larmes lui monter aux yeux. C'était vrai, s'il la laissait voir ce qu'il était ainsi – même s'ils étaient dans le noir – et s'il la laissait pouvoir le toucher, alors cela signifiait qu'il avait confiance en elle... Mais ça, cela faisait longtemps qu'il le savait. Il n'avait jamais cherché à l'étouffer. C'était d'autres sentiments qu'il avait pendant longtemps cherché à camoufler...

Avec une douceur infinie, il sentit alors ses lèvres venir se poser sur l'une de ses cicatrices. Pas qu'un effleurement puisqu'elle y resta plus longtemps accrochée, comme si elle avait pu le faire disparaître juste d'un simple baiser. Le lycan sentit une chaleur émaner de ses membres et s'engouffrer jusque son cœur. Une léthargie telle qu'il oublia tout du rejet des gens qu'il avait croisé par le passé à toutes les pertes qu'il avait subi jusque là et qui le faisait souffrir. Il oubliait la solitude qui, parfois, pouvait être très dure à supporter. Son cœur sembla se gonfler... C'était comme si que, par le biais de sa cicatrice – de cette déformation du corps – elle parvenait à y faire s'infiltrer un peu de l'amour qu'elle ressentait pour lui et il le sentait.

Lorsqu'elle vint l'enlacer et poser la tête contre lui, il laissa ses bras venir doucement se refermer autour d'elle – presque instinctivement. Il sentait la chaleur de son corps contre lui, cette chaleur qui semblait lui redonner vie. Il sentait sa main qui glissait sur sa hanche. Il entendait les mots suivants qu'elle lui dit pour venir apaiser ses craintes précédemment énoncées. De nouveau, il sentit une chaleur l'envahir et venir engourdir ses sens. Chacun de ses mots se répétait dans son esprit, réchauffaient son coeur d'une indicible réconfort intérieur. Il voulut la croire, il se raccrocha à l'espoir qui voyageait par ses paroles. Il l'aimait, elle l'aimait, rien d'autre ne devait interférer. Il devait fermer son cœur à tout les autres – tout ceux qui voulaient le rabaisser ou le faire se sentir seul – et il devait l'ouvrir à elle seule. Même si c'était difficile d'oublier les mots qui parfois pouvaient jaillir d'une bouche sarcastique... Il était un homme bien meilleur, il valait cent fois mieux que ce genre de personnes avait-elle dit. Il avait besoin d'elle. Elle était ce qui calmait ses peurs de toujours, ses craintes d'être rejeté comme à chaque fois il l'avait été. Il avait besoin d'elle...

Il se sentait bien, il se sentait comme hypnotisé de sa présence, par l'odeur enivrante de sa peau, par son corps contre le sien. Il avait besoin de sa tendresse, de son amour, de ses regards caressants et... Et ses caresses. Il avait besoin de la sentir près de lui. Il se sentait si bien près d'elle. Il en avait presque oublié que ses parents dormaient à côté. Il se sentit encore plus ému lorsqu'il apprit qu'il serait le premier... Comment cela le premier ?! Elle n'avait... Enfin, je veux dire, elle était... Bref. De toutes façons, il ne parviendrait pas à terminer sa pensée. Dire qu'il était ému par ce qu'il venait d'entendre serait bien peu. C'était même un euphémisme.

Mais dans ce cas alors, il ne voudrait pas faire « ça » maintenant. Pas aujourd'hui... Pas comme ça. Lorsqu'elle eut terminé, il la serra contre lui un moment avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Il ne savait pas que répondre et d'ailleurs, il n'y avait rien à répondre... Elle avait raison. Il espérait qu'elle avait raison. Pourquoi se préoccuper des autres... L'important était son opinion à elle. Et lorsqu'elle disait qu'il était mieux que beaucoup d'autres, il avait envie de s'y laisser croire. « Merci.... De me donner une seconde chance... », finit-il enfin à lui murmurer en remuant à peine les lèvres et tout à côté de son oreille. Il déposa un baiser sur ses lèvres et lui sourit. Dans la pénombre, okay, cela ne devait pas vraiment se voir, surtout elle mais bon...

Il l'observait attentivement. Même dans l'obscurité présente, il voyait ses pupilles briller de cette lueur affectueuse, amoureuse... Même dans le noir, oui. Les gènes lycanthropiques lui permettait quelques avantages et il fallait avouer, ces petits avantages étaient bien pratiques. Evidemment, il refusait tout le reste. Il détestait tout le reste et préférait même l'oublier. Dans ses bras, en entendant son cœur battre si fort, en sentant la chaleur de son corps contre le sien, en la voyant caresser son torse, les glisser sur ses cicatrices, sur le corps qu'il détestait tant, il se sentait presque normal... Quand elle était là, il se sentait invulnérable et en même temps si vulnérable. Il se sentait lui-même. Il avait de nouveau envie de croire en lui et en un futur...

Ne pas pouvoir être normal. Pendant ce mois passé, il s'était longtemps reproché que c'était la raison principale de pourquoi leur histoire n'avait pas pu marcher. Il n'était pas assez bien pour elle ; il n'était pas assez normal. Il craignait l'opinion des gens à l'égard de cette relation. Il avait peur qu'on la juge, qu'on lui dise comme cet homme ce soir, qu'elle se salissait rien qu'à son toucher … Que leur relation était contre nature. Cela faisait longtemps qu'il était passé au-dessus du critère de l'âge mais aujourd'hui, il avait d'autres craintes bien plus importantes encore. Il s'en était tellement voulu de ne pas pouvoir être normal, comme tout le monde et lui offrir ce qu'elle, elle voulait. Mais il était comme cela, il avait peur de pleins de choses, comme il appréhendait la rencontre avec ses parents. En ce moment cependant, ce dernier problème était bien loin de ses pensées.

Merci de lui avoir pardonné ? Lorsqu'il entendit les mots suivants, il ne put s'empêcher de la regarder comme s'il n'était pas certain de ce qu'elle venait de dire. Il la regarda ensuite. Elle semblait perdue dans ses pensées et il n'était même pas certaine qu'elle avait senti sa main lorsque cette dernière s'était posée sur sa joue pour la caresser, comme s'il avait voulu la rassurer. Jamais il ne lui en avait vraiment voulu... Elle ne devait pas penser cela... Comment pourrait-il lui en vouloir alors qu'il était en partie fautif de n'avoir pas su être à la hauteur de ce qu'elle avait attendu ce fameux soir... Certes, il avait pensé qu'elle aurait pu essayer de le comprendre mais sans doute était-elle trop jeune et que, mine de rien, cette barrière représentait plus que ce qu'elle avait pensé au départ. Au fond il devait avoir raison. Il devait être trop vieux pour elle comme il n'avait cessé de lui dire depuis le début... L'avoir vue ce soir repousser l'autre « homme », avoir vu son apparence bien pâle et surtout en se souvenant de ce qu'elle lui avait dit, lui avait fait reprendre espoir. Tout n'était pas perdu encore...

Il n'eut pas le temps de lui répondre quoique ce soit qu'elle le fit basculer sur le dos tout en commençant à jouer avec les poils de son torse. Il l'observa faire avec un certain amusement au fond des yeux et sentit un nouveau frisson l'envahie lorsqu'elle recommença sa douce torture. Décidément, était-ce encore l'effet de l'alcool sur elle ou alors elle était toujours ainsi ?! Le pauvre, il avait lutté vaillamment jusqu'ici mais il avait ses limites à ne pas dépasser, et Tonks avait tendance à les lui faire frôler dangereusement – bien qu'il ne dise pas. Sentir ses lèvres sur son corps le rendait tout étranger à lui-même, lui faisait presque perdre pieds sur lui et sa raison. Il referma les yeux, comme si ceci lui permettait de mieux garder ses esprits mais c'était sans compter sur elle qui continuaient ses trop douces tortures... Lorsqu'elle lui demanda s'il n'avait toujours pas envie d'un câlin, les trois lettres du mot « oui » voulurent se précipiter hors de sa bouche mais il les retint. Sa question sembla lui faire revenir ses esprits et il sembla comprendre ce qu'elle semblait penser.

Il la laissa enfouir son visage dans son cou mais même s'il n'en demeurait pas moins un homme et qu'il avait du mal à résister et empêcher son corps de réagir uniquement comme celui de n'importe qui, il chercha ses mains à tâtons et les attrapa. L'entourant de ses bras, il la fit se reposer contre lui. Tout en douceur, sans violences, il contrôlait ainsi ses mains baladeuses \o/. Posant les mains de chaque côté de son visage, il le releva et l'obligea ainsi à la regarder et il lui répondit d'une voix basse de confidence. « Tu n'as pas à te faire pardonner ainsi. Sans compter que je ne t'en ai jamais voulu. » Triste oui. Il a été très triste qu'elle ne puisse pas essayer de le comprendre... Mais il ne lui en avait jamais voulu.  « Ce n'est pas que je ne veux pas, mais pas ce soir. » Pas ici... Pas chez ses parents... « Je ne veux pas aller trop vite. Je ne suis pas... Comme d'autres. » D'autres... Oh oui, si cela avait été d'autres, il lui aurait sauté dessus oui ! Ça, c'était certain... Sans même se souvenir que c'était sûrement sa première fois … Non en prenant uniquement compte de son propre désir... Il l'aurait probablement même violentée … ?! Abjecte personne ! Elle avait raison en fait... Ce n'était pas lui, le monstre. Lui ne ferait jamais une chose pareille... Pas sans son consentement. « Je voudrais que ce soit spécial... Pour une femme très spéciale. » Il lui sourit doucement et lui caressa doucement la joue. Il voulait que ce soit magique ! Mais si jamais elle persévérait dans ses efforts de le faire lâcher prise, il n'était pas sûr de pouvoir continuer à résister...

« Tu n'as pas besoin de me prouver quoique ce soit. Je connais déjà la valeur de ce qui se trouve... Ici. » ajouta t-il en plaçant près de son cœur une main. Le coeur étant le foyer où prenait naissance les sentiments, il connaissait donc la valeur déjà de ce qui se trouvait dans son cœur. Elle n'avait pas besoin de le lui prouver de quelque façon que ce soit... Pas ce soir en tous cas. Elle ne devait pas se sentir obligée, elle ne devait pas uniquement vouloir se faire pardonner. Il la rapprocha de lui pour ensuite sceller ses paroles en un doux baiser aux saveurs fruitées de l'amour. Il relâcha ensuite ses lèvres pour poser son front contre le sien et resta ainsi quelques temps, les mains tenant toujours en coupe son visage. Il enleva ensuite ses paumes chaudes et les fit glisser pour laisser ses bras l'enlacer à la taille et il la tint ainsi contre lui. Corps contre corps. La tenir simplement ainsi contre lui lui procurait tous les bienfaits possibles et inimaginables...

Il aurait pu rester des heures ainsi allongé. Il lui semblait que cela faisait déjà une éternité qu'il l’avait trouvé seule devant son verre à la Tête du Sanglier. Tout comme il lui semblait que cela faisait des heures qu'ils étaient arrivés chez elle et qu'il était allongé dans son lit. Il se sentait baigné dans cet élément et des sensations plus agréables les unes que les autres si bien qu'il en oubliait tout le reste. Il était là et elle aussi, près de lui ; c'était tout ce qui importait. Il se sentait tellement chanceux... Il avait dormi seul dans un lit pendant tant d'années que cela lui faisait bizarre – presque étranger – de dormir avec quelqu'un ce soir. Etre avec quelqu'un comme lui ne la dérangeait pas, et bien que cela continuait de le mettre un peu mal à l'aise vis-à-vis d'elle et surtout des autres, il en était rassuré. Il se sentait heureux, l'esprit paisible. Il pouvait rester ainsi sans plus penser à rien d'autres. Dès à présent, elle était sa vie... Lorsqu'elle revint se poser contre son épaule, il se passa quelques minutes durant lesquelles il ferma les yeux et profita simplement de sa présence près de lui mais elle vint bien vite de nouveau pour l'embrasser. Comme à chaque fois, un déferlement de sensations crépitèrent en lui et il se trouvait dans un endroit où personne ne pouvait l'atteindre.

Il n'était pas habitué aux compliments. Il n'aimait d'ailleurs pas qu'on lui en fasse et l'entendre dire qu'elle le trouvait merveilleux, avait une légère tendance à le mettre mal à l'aise. Si bien qu'il préféra ne rien répondre du tout. Il n'aurait de toutes les façons rien su répondre. Que pouvait-on répondre à des compliments ?! Rien... A dire vrai, elle n'était pas vraiment objective. Elle disait juste cela parce qu'elle aimait, c'est tout. Mais il n'avait rien de merveilleux. Il était juste... Il était juste Remus Lupin quoi, c'est tout. Personne d'autres. Il n'avait jamais entendu de la bouche de personne de tels qualificatifs et surtout quand cela lui était adressé alors, assurément, il aurait du mal à assimiler ce mot avec son nom. Il n'avait rien de merveilleux du tout... Il ne voyait pas ce qu'il avait de tellement merveilleux à être gentil et prévenant avec les gens qu'on aimait. C'était... C'était le bon sens en fait ; c'était tout à fait naturel et ce devrait en être de même pour tout le monde. Il ne lui répondit donc rien outre qu'esquisser un léger sourire qu'il qualifia lui-même d'incertain et il posa les lèvres sur son front en murmurant entre ses lèvres. « C'est toi qui est merveilleuse... ». Il la laissa ensuite se coucher contre lui et fermer les yeux. Il fut le dernier à trouver le sommeil. Il passa bien une bonne heure à écouter le silence et la lente respiration de Tonks ainsi que la chaleur qu'il sentait émaner de son corps et qui lui tenait chaud à ses côtés.

Remus dormit jusqu'au petit matin d'un sommeil tranquille. Ce fut sans doute la nuit la plus paisible qu'il eut jamais eu de sa vie. Il mit un certain temps à émerger et garda les yeux fermer pendant quelques temps encore. Il ne savait pas quelle heure il était et il n'avait aucune envie de le savoir. Pour une fois il voulait prendre son temps de profiter du lit et de la chaleur du corps qu'il sentait encore à côté de lui. Il avait même oublié où il se trouvait. C'est-à-dire que lorsque la voix de Ted Tonks retentit brusquement quelque part dans les environs, le lycan ouvrit subitement les yeux et paniqua.

Il sentit Tonks se redresser dans le lit et donc écarter la couette. Remus s'en empara aussitôt de nouveau pour retourner bien caché dessous, une lueur effarée dans les yeux. Ce n'était pas vraiment le genre de réveil auquel il s'était attendu. Combien y avait-il de chance pour qu'on le mette dehors sans qu'il ait le temps de s'habiller ? Sérieusement, il était dans le lit de Tonks et ils avaient passé la nuit entremêlés l'un à l'autre alors il n'imaginait pas une autre réaction de leur part que la stupeur. Il ne répondit même pas lorsqu'il entendit « Monsieur Lupin » qu'il jugea simplement dit par politesse mais dit sans nul doute avec réticence. Il ne les connaissait pas. Quels parents aimeraient retrouver un homme - nu - dans le lit de leur fille au petit matin ?! Il allait passer un sacré quart d'heure. Ce n'était pas vraiment la façon qu'il avait imaginé de rencontrer ses parents... Une sueur froide se mit à couler le long de son dos alors qu'il appréhendait.

Sa tête dépassant juste du haut de la couette, il hocha frénétiquement la tête en gardant le silence et son cœur se remit à battre plus normalement lorsqu'il eut refermé la porte de la chambre. Il n'allait plus oser sortir du lit maintenant. Comment pourrait-il aller se montrer en bas sincèrement à présent que le père de Nymphadora l'avait trouvé dans le lit de cette dernière ? Il imaginait déjà les questions. Non, non, non, ils n'avaient rien fait du tout, ils... Ils n'avaient fait que dormir, c'est tout. Il se voyait même le supplier de le croire avant qu'on le mette à la porte avec ses affaires... Là, il s'était juste retenu de ne pas lui crier dessus. Pas devant sa fille voyons. Pas de soucis à se faire qu'elle avait dit ? Ça, c'était elle qui le disait... Il n'en était pas du tout convaincu mais alors pas le moins du monde. Il mourrait de peur et d'appréhension. Que lui avait-il pris de rester dormir ?!

« Ce n'est pas vraiment comme ça que j'imaginais faire la connaissance de ton père... » parvint-il enfin à murmurer la voix un peu rauque et très embarrassé tout en n'osant pas croiser son regard. « Tu crois qu'ils vont énormément m'en vouloir d'être resté dormir à l'improviste ? » Lui il avait beau avoir trente-cinq ans passés, cela ne changeait rien. « … Tu crois que si je dis que je t'ai sauvée hier soir de quelqu'un qui t'embêtait et que je t'ai raccompagnée par sécurité, ça passerait mieux ? » Hein ? Il la regarda avec interrogation, presque suppliant. Franchement, en passant pour le sauveur de la situation, ils allaient sûrement lui être très reconnaissant d'avoir accompagné leur fille à la maison. C'était l'attitude la plus responsable que l'on pouvait faire. Sans compter qu'ils n'avaient rien fait du tout cette nuit autre que dormir... Rien du tout. Il s'était conduit raisonnablement... Remus descendit un peu la couette sur son torse, la coinçant sous ses aisselles. Il osa enfin relever les yeux vers elle, confus.