Plusieurs semaines seulement après cela, il se souvenait encore comme si c'était hier.

« Elle veut toujours l'épouser, même s'il a été mordue ! Elle s'en fiche ! »
« C'est différent. » répondit Lupin, remuant à peine les lèvres, l'air soudain tendu. « Bill ne sera pas un loup-garou à part entière. Les deux cas sont très... »
« Mais ça m'est égal, ça m'est complètement égal ! » s'écria Tonks.
Elle attrapa Lupin par le devant de sa robe et le secoua.
« Je te l'ai répété un million de fois... »
« Et moi, je t'ai répété un million de fois, répliqua Lupin, les yeux fixés au sol, refusant de croiser le regard de Tonks. « Que je suis trop vieux pour toi, trop pauvre... Trop dangereux... »
« Je t'ai dit depuis le début que ton attitude était ridicule, Remus » lança Mrs Weasley.
« Je ne suis pas ridicule. » répondit Lupin avec fermeté. « Tonks mérite quelqu'un qui soit jeune et sain. »
« Mais c'est toi qu'elle veut, » objecta Mr Weasley en esquissant un sourire. « D'ailleurs, Remus, les hommes jeunes et sains ne le restent pas forcément »
«  Ce n'est pas... le moment d'en parler, » déclara Lupin, qui évita le regard des autres en détournant les yeux d'un air égaré.

En lui, quelque chose s'était effondré.

Il avait flanché. Il avait cessé de se battre. Il avait vu sa volonté faiblir à vue d'oeil et ses arguments démontés les uns après les autres, ne plus tenir la route, comme s'il perdait sur lui-même la volonté nécessaire d'y croire. Il ne savait même plus que croire ; il ne savait même plus qui. Tout était si dur à porter parfois sur ses épaules ; se battre contre soi-même prenait énormément d'énergie, encore plus que de se battre contre quelqu'un, contre un mangemort. Les deux était radicalement différent. Se battre contre soi était beaucoup plus douloureux. Il ne savait plus que croire. Il était perdu... C'est ainsi qu'il capitula et comme à chaque fois, il s'enfonça dans son mutisme, ne disant plus rien pendant un long moment.

… Remus entendait encore la voix de Nymphadora résonner dans son esprit, il la voyait se jeter sur lui, lui attraper la robe. Il avait senti son cœur flancher et battre à tous rompre alors que la distance avait été nettement réduite entre eux. Pourtant il ne voulait pas croire son regard et il s'obstinait à regarder vers ses pieds. Il avait envie de disparaître dix mille pieds sous terre, il avait envie d'aller loin, très loin... Ne comprenaient-ils tous pas ? Etait-il le seul que... Pourtant, il avait fermé les yeux et s'était laissé tombé sur la première chaise qu'il avait trouvé derrière lui... Il ne savait plus, il ne savait plus rien... Il était perdu. Après tous ces mois de lutte acharnée contre lui-même, il allait finalement capitulé ? Et pourquoi ? Parce qu'il était trop faible... Il n'était même pas capable de pouvoir la repousser encore... Il n'en trouvait pas la force au fond de lui... Où était sa volonté ? Où était-elle donc passée... ? Le lycan se maudit, mais il en avait tellement assez de se battre contre lui-même, de se battre contre les sentiments qui l'étreignaient avec forces, l'empêchant presque de respirer... Tant qu'il avait envie de voir ce que cela faisait s'il se laissait juste aller un peu... Pourquoi il n'en aurait finalement pas le droit ? Pourquoi ne pouvait-il un peu être comme les autres ?

… Parce qu'il n'était pas comme les autres, évidemment, et il ne pouvait pas l'être. Mais pour le moment, sa raison semblait lui échapper et les diverses émotions qui l'habitait ne cessaient de se disputer en lui. Peur, colère … Contre lui-même, désespoir, impuissance, … Amour. Toujours les mêmes. Toujours les mêmes contre lesquelles il luttait. Un instant, il voulait la prendre dans ses bras, et l’instant suivant il se disait ne pas pouvoir. Il n'en avait pas le droit... Trop dangereux.... Remus n'était pas de ces êtres simples... Deux personnalités en lui se confrontaient, l'une repoussant l'autre de toutes ses forces. L'une étant une force et faiblesse à la fois. Celle qui au fond aurait voulu être aimé pour ce qu'elle était. Et c'était celle qui lui échappait parfois... Celle qui se manifestait chaque fois en présence de Nymphadora... Dès qu'elle se rapprochait...

« Dumbledore aurait été plus heureux que quiconque de penser qu'il y a un peu plus d'amour dans le monde... » dit le professeur McGonagall.

Il se souvenait de tout cela comme s'il venait de les vivre. A l'instant. Il les revivait inlassablement, et chaque fois il était un peu plus perdu. Il se renfrognait, se refermait sur lui-même, mais chaque fois qu'il croisait le regard de Nymphadora, son cœur faisait une embardée et battait plus fort qu'il n'avait jamais battu, presque comme s'il avait voulu lui sortir de la poitrine.

D'autres paroles résonnèrent ensuite dans son esprit et achevèrent de le convaincre. Dumbledore. Il avait toujours eu confiance en lui, toujours... Cet homme lui avait sauvé la vie, il l'avait tant aidé maintes à des moments où il en avait eu tant besoin . Il lui avait donné la chance de pouvoir être comme tout le monde. En lui permettant de rentrer à Poudlard et d'apprendre la magie tout d'abord, puis en lui donnant du travail dans cette même école dans laquelle Remus avait passé ses plus beaux moments d'adolescence...

Dumbledore... Remus ne sut que répondre à cela et il préféra ne plus rien dire. Il détourna les yeux, comme d'habitude... Comme d'habitude chaque fois qu'une situation était trop gênante, il détourna les yeux ou s'enfuyait. Une fois n'est pas coutume et il détourna en effet les yeux. Dumbledore... L'homme en qui il avait sans doute le plus confiance... Oui, il Minerva avait sans doute raison, il aurait certainement été très heureux... Dumbledore... Sans lui il ne serait pas ce qu'il était actuellement. Lorsqu'il entendit donc le nom de Dumbledore, il se sentit blêmir un peu plus et flancher... MacGonagall avait raison. Dumbledore en aurait été heureux...

C'est ainsi que sa raison lâcha du leste... Juste un peu, mais ce fut suffisant pour qu'il s'avoue vaincu. Ses épaules s'affaissèrent.

… Il avait envie de sortir d'ici. Il avait l'impression d'étouffer. Il avait besoin de prendre l'air. Il avait envie de se retrouver seul... Alors, sans prévenir qui que ce soit, esquissant un sourire d'excuse, il recula. Il recula et sortit de la pièce, laissant tout le monde derrière. Il devait sortir, il avait besoin de s'aérer l'esprit, de réfléchir à tout cela, de se sonder lui-même... Il était perdu. Personne ne sembla le retenir, personne ne parut le suivre... A l'entrée de la maison alors qu'il ouvrait la porte et que l'air frais lui fouettait agréablement le visage, il sentit qu'on lui attrapait le bras. Avec douceur mais fermeté. Sans même se retourner il avait deviné de qui il s'agissait. Il s'était arrêté sur le pas de la porte, immobilisé par cette pression sur son bras... Il ferma les yeux quelques secondes puis lâcha lentement, dans un murmure rauque...

«  Désolé... J'ai besoin de prendre un peu l'air... si ça ne te dérange pas... »

Remus lui fit face. Il se retourna très lentement. Elle ne répondit rien hormis esquisser un simplement un simple hochement de tête lorsqu'il lui dit qu'il voulait juste aller prendre l'air au-dehors. Il ne doutait pas qu'à présent, elle allait vouloir l'accompagner, mais... Sa présence ne le dérangeait pas, au contraire. Il commençait tout doucement à s'y habituer.

… Remus inspira une première fois. Profondément. Il ferma les yeux quelques secondes pour essayer de se reprendre. Il y avait deux parties au fond de lui. Une qui était troublée au contact de la jeune femme, et l'autre qui restait figé, froide... Lorsqu'elle passa un bras sous le sien alors qu'ils sortaient tous deux dehors, il sentit un frisson lui parcourir l'échine et pourtant il sembla se raidir toutefois, comme si son corps émettait une réserve, s'armait d'une protection supplémentaire et nécessaire pour résister à... La tentation. De sa main libre, il resserra le col de sa veste sur son cou et ils continuèrent à marcher ainsi, Remus tentant désespérément de dissimuler l'émotion au fond de lui qui tourbillonnait, essayant sans nul doute d'attendre une faiblesse pour le piéger... Pourtant, ce serait si agréable de se laisser un peu aller, mais il ne pouvait pas. Il répugnait encore d'aller trop loin, il s'en voulait de ne pas avoir été assez fort pour lui dire catégoriquement qu'elle ne devait se faire aucun espoirs sur le fait de se voir ensembles un jour comme étant plus que des amis. Aucun. Pourtant, lorsqu'il ne pensait, il était sûr de lui... Alors que lui manquait-il lorsqu'il passait par les mots ? Théoriquement, ce n'était pas si dur que cela... A dire. Il fallait simplement les prononcer et après il serait tranquille. Mais la présence de la jeune femme lui faisait du bien... Son cœur le lui hurlait chaque fois qu'elle marchait à côté de lui, ou que ses lèvres se posaient sur les siennes, quelques secondes... Un mélange enivrant d'émotion se diluaient en lui-même, certaines dont il essayait de se libérer, ne pas écouter, son univers se renversait et c'était là où l'impossible, dans son esprit, devenait le mot « possible ». Il gagnait de la force, au détriment du mot « impossible » qui perdait de l'ardeur, de la signification. Il avait l'impression d'être si faible... C'était cette partie qui faisait tout encore pour refuser d'admettre la raison pour laquelle son cœur battait si fort en présence de Nymphadora, et c'était encore cette partie qui faisait qu'il ne voulait pas s'impliquer de trop lorsque la jeune femme venait l'embrasser … C'était pour ces raisons qu'il semblait rester passif. Qu'il restait d'ailleurs passif... Il n'osait pas. Il se demandait jusqu'à quand la jeune métamorphomage serait-elle lassée... Détestant cette faiblesse, une part de lui espérait que la réponse soit « bientôt », mais la seconde partie de lui se déchirait rien qu'à s'imaginer abandonnée... Une partie avait peu, peur d'être abandonnée, tandis que l'autre... Avait inexorablement besoin de se sentir aimé. Pas par n'importe qui, pas par la première femme passant, non. Par Tonks... Ce qui venait toujours à s'interroger sur la nature des sentiments qui se consumaient en son cœur. Dissimulant des sentiments de nature plus forte que de la simple amitié à ce stade là, dissimulant toutes les sentiments y étant reliés, il restait ballotés d'un bord de l'autre par les diverses émotions qui l'étreignaient... Le pus difficile dans les sentiments, c'était d'essayer de les réfréner. Il ne voulait pas y répondre et une partie de lui faisait tout pour s'opposer à l'autre partie, mais de l'autre côté, son cœur chantait rien qu'en la présence de Nymphadora à ses côtés...

… Perdre ses moyens. C'était justement cela qu'il tentait de ne pas faire. Il n'aimait pas, il détestait même, perdre ses moyens et la jeune Auror à ses côtés avait tendance à lui faire cet effet précisément. Oh oui, il était vraiment content qu'elle soit là... Mais il n'avait pas souvenir de l'avoir déjà dit au moins une fois à vrai dire,... Il était de nature très secret de toutes façons déjà à l'origine. Il ne parlait pas vraiment beaucoup de ce qu'il ressentait... Comme si les exprimer, en parler, allait les faire disparaître de son cœur. Il préférait les garder pour lui, au fond de lui... Et ne pas en parler. Qui plus est, il ne savait pas réellement... En parler à dire vrai. C'était... Tout nouveau, vraiment tout nouveau pour lui... Ce genre de sentiments, il n'y était pas habitué. C'était même... Trop fort pour qu'il puisse savoir exactement comment les exprimer, ou comment en parler. Elle le faisait tellement sentir différemment de la manière qu'il avait toujours été. Jamais il n'aurait cru un jour rencontré quelqu'un qui aurait pu tant le bouleverser pour tout dire... Il ressentait tellement de choses en lui-même... Comment pouvait-on ressentir autant de choses en même temps et avec autant de forces... ? Il lui semblait que s'il en parlait, tout allait s'envoler et disparaître, alors il gardait tout en lui, tout pour lui... Dans la peur de les perdre. Pourtant, ce serait peut-être plus léger, après ? Mais il voulait tout ressentir tel que c'était actuellement, sans chercher à les diminuer... Examiner en lui-même vraiment ce qu'il ressentait, avant même de penser à les expliquer... Si cela pouvait être expliqué évidemment. Parce que cela semblait être loin le cas.

Il y avait des raisons à sa distance. Il n'agissait jamais sans raisons... L'on pouvait mettre cela sur le fait que toute sa vie, il avait trop souffert, alors il ne voulait absolument trop se précipiter dans quelque chose si c'était pour en souffrir après. Il voulait prendre son temps, voir si déjà elle se lasser de lui... Cela ne devrait pas prendre plus de trois mois non ? On verrait bien dans trois mois si... Son cœur se serrait d'une angoisse lancinante rien qu'à ces pensées subite comme si la simple pensée lui créait une douleur insoutenable dans le cœur. Il ne pouvait s'empêcher de penser que tout était temporaire, qu'elle allait bientôt se lasser... Alors sans doute était-ce qui l'empêchait de chercher à s'ouvrir davantage, à paraître plus expressif – dans la mesure où c'est de Remus Lupin dont nous parlons - . Comme s'il craignait que tout ne s'efface aussitôt qu'il eut exprimé ce qu'il ressentait et pensait, il préférait tout garder pour lui. Au moins, lorsque finirait, il aurait de quoi se replonger … Dans son cœur. Le souvenir lui serait atrocement douloureux, mais après tout, n'était-il pas déjà habitué à souffrir ? Ce poids qui semblait peser sur son cœur, étreindre ce dernier... Pourtant, il ne s'agissait pas du même poids depuis qu'il l'avait rencontrée et avec ceci, une sorte de chaleur agréable s'était diffusée amour du foyer des sentiments... Le cœur, là où tout prenait naissance. Haine, amitié, amour, envie, jalousie... Quelquefois, il ressentait cela avec tant de force – en même temps – qu'il lui arrivait d'avoir l'impression que tout cela l'étouffait... Mais c'était si agréable de le ressentir, qu'il ne savait plus que penser. Il n'était pas habitué à ressentir autant de choses d'un coup...

Sa voix douce lui parvint, l'interrompant dans ses pensées. Ils avaient toutefois continuer à marcher. Il réfléchit quelques secondes... S'il voulait aller se reposer ? Pas forcément... Il avait dit simplement vouloir aller prendre l'air. Si sa présence l'importunait, il avait déjà répondu à cette question et la réponse était non. Il ne voyait donc pas de problèmes à ce qu'elle l'accompagne. Ce n'était pas comme si elle n'était pas de charmante compagnie... Bien au contraire.

« … Le Chaudron baveur, qu'en dis-tu ? » lui fit-il pour toute réponse en esquissant un bref sourire alors qu'il tournait juste assez la tête pour la voir mieux. Mais hors de question de transplaner en vue. Il fallait déjà rejoindre un endroit mieux caché... Une ruelle... De son regards scrutateur, il vit un coin de ruelle sombre par là-bas. Il pressa le pas un peu pour s'y rendre, sans toutefois aller trop vite. Ils y parvinrent sans encombres et – sans un mit non plus, et lorsqu'ils furent à l'abri des yeux indiscrets, Remus se concentra pour les faire transplaner tous deux. Aux abords du Chaudron baveur. Il dirigea ensuite la jeune femme jusqu'au pub dans lequel ils entrèrent. Ils prirent place autour d'une table placée un peu à l'écart des autres – et donc à l'écart des oreilles là encore -. Esquissant un sourire à l'adresse de la jeune femme, il tira l'une des chaises pour lui permettre de s'asseoir avant de regagner lui-même la place en face. Les bonnes manières voyons ! Gentleman, on ne se refaisait pas !

Remus aimait bien se retrouver dans les pubs. Dans n'importe quel pub. C'était chaleureux. Bien qu'il n'aimait pas nécessairement boire beaucoup – il détestait tout ce qui faisait perdre le contrôle de lui-même mais je l'ai déjà dit -, et bien il avait pris l'habitude de venir tous les soirs dans un pub, n'importe lequel, et ce durant toutes ces années où il avait été seul. C'était mieux quand même d'entendre le bruit de conversations autour de lui, le mouvement de la foule plutôt que la solitude de sa petite chambre tout en haut de maison dans lequel il logeait. L'appartement le moins cher qu'il avait trouvé et qui ne faisait pas davantage que quinze mètres carrés. Mais c'était largement assez pour lui. Il n'y restait que pour dormir de toutes façons. Il était habitué certes, à la solitude, mais parfois, cela lui avait tant pesé qu'il avait pris l'habitude de venir passer ses soirées dans un pub dans le coin où il habitait... Aujourd'hui, ce pub n'était pas forcément le plus accueillant, certes, mais c'était un pub, et en tant que pub il aimait bien s'y retrouver parce que celui évitait la solitude. Pourtant...

Pourtant, il n'était pas seul ce soir, alors... Comment cela se faisait-il alors ? Il était pourtant en charmante compagnie ce soir. Ce soir et tous les soirs d'avant aussi et ce depuis quelques temps, mais... C'était comme si quelque chose au fond de lui, se retenait. Peut-être qu'il avait... peur... Peur de quoi, telle était la question... Mais c'était comme s'il avait peur de se retrouver seul à seul avec elle, alors il évitait à tous prix qu'il se retrouve seul en tête-à-tête, rien qu'avec elle... Comme s'il avait peur de lui-même. Comme s'il avait peur de se laisser aller. C'était... Etrange ce qu'il ressentait. Etrange... Et tellement inaccoutumé. Pourtant, si au départ, il n'avait ressenti que de l'amitié – avouons-le – pour la jeune femme, et bien ses sentiments avaient rapidement évoluer vers quelque chose de plus... Vaste... Plus conséquent qu'une simple amitié, mais c'était un terrain inconnu, inexploré pour lui ; c'était des choses auxquelles il n'était pas habitué et il avait presque peur de la façon dont son esprit – et son corps... ? - avait envie de réagir... Il ne pensait même pas que plus il attendrait, plus la jeune femme se dirait qu'il ne peuvent continuer ainsi. Lui, il avait juste besoin de temps... Il avait peur de se lancer … Se lancer dans une relation du domaine plus... Privé. Il avait peur de souffrir, de donner son cœur trop vite ; de se donner trop vite. Pourtant, elle lui avait répété – et montré – qu'elle était d'un soutien sur lequel on pouvait compter et sa présence le réchauffait, intérieurement. D'une manière indéfectible, elle avait laissé une empreinte en lui... Indélébile. Il aimait sa présence à ses côtés ; il aurait suffit poser une mains sur son cœur pour le … Sentir.

Il voulait juste passer quelques temps tranquille. N'importe quel lieu serait l'endroit rêvé, avec elle... Tom le barman était venu leur demander ce qu'ils voulaient boire – évidemment – et lorsqu'ils fut repartit, Remus, embarrassé, adressa un petit sourire timide à Nymphadora, comme s'il ne savait pas que dire. Le lycan se saisit alors de sa choppe de Bierreaubeurre et la laissa lui réchauffer les mains. Il laissa échapper un petit sourire. Parfois il aurait aimé dire tant de choses. Tant de choses... Mais la majorité d'entre elles restaient bloquées au fond de lui, sans qu'il puisse avoir aucun espoir de s'en saisir. Sans compter que tout ce qu'il ressentait était … Mélangé. Si mélangé qu'il ne savait même plus lui-même ce qu'il ressentait exactement. Lorsqu'ils se retrouvèrent avec leur commande chacun devant soi, aucun des deux ne parla. Habituellement, c'était elle qui parlait... Et étrangement, il ne trouvait rien à dire aujourd'hui. Tous les mots qu'il pensait s'ôtait de sa pensée avant même qu'il les dise. Il ne savait même pas les dire. Et puis il n'était pas très doué pour faire les conversations... Renfermé dans Sa gène, Remus esquissa un nouveau sourire à l'adresse de la jeune femme avant de boire une gorgée de sa choppe. Il ne savait vraiment ce qui le gênait...

… Ah, elle avait commencé à parler finalement. Sans doute qu'elle trouvait ce silence trop gênant, ce qu'en fait Remus trouvait également. Il fut donc rassuré qu'elle parle. Chez elle ? Enfin, chez ses parents ? Lentement, Remus reposa sa choppe devant lui et essuya sa bouche d'un geste puis il réfléchit. Dormir... ? Ses sourcils se fronçèrent tandis qu'il se sentait tressaillir intérieurement. Puis au bout de quelques secondes, il répondit d'une petite voix... « Do... Dormir ? » bredouilla t-il comme si en ce seul mot résidait sa peur. « Je, je ne sais pas... » mais percevant la déception dans ses yeux aussi bien que s'il avait eu un sixième sens - peut-être après tout en avait-il vraiment un ; et sans doute cela était-il dû aux sens sur-devellopés qu'il devait à sa lycanthropie – il se hâta d'ajouter avec ce même calme qui lui était si caractéristique : « … Je veux dire, je ne veux pas déranger … Quand tes parents vont revenir. » … Il leva les yeux yeux vers elle alors qu'ensuite elle ajoutait qu'elle avait l'impression d'avoir la Dragoncelle... Il n'avait pas conscience d'être si distant... Il ne l'évitait pas ! Il n'était juste pas habitué à des démonstratives en public. Il n'était pas elle... Il avait plus de mal... Beaucoup plus de mal à être à l'aise en public, à être normal. Il fut heurté par ses mots, bien qu'un sourire se dessinait sur ses lèvres. Ce qui signifiait donc qu'elle plaisantait... Plongé dans les apparences depuis tout petit, il savait qu'elles pouvaient être cependant trompeuses. Il se força à rire un peu mais tout ce qu'il parvint à sortir fut un rire nerveux et il lâcha sans la lâcher des yeux...

« … Tu... Tu n'as pas la Dragoncelle... » Il esquissa un sourire amusé avant de reprendre plus sérieusement et la gorge serrée, les mains serrant sa choppe avec force comme s'il voulait les empêcher de trembler. « Dé... Désolé... c'est de ma faute... C'est tout nouveau pour moi, je... Merci d'être là... » Il fallait sûrement qu'il prenne ses marques, qu'il prenne ses habitudes... Sans nul doute que lorsqu'il s'y sera fait, il pourra davantage se laisser aller... Peut-être serait-ce plus facile... Comment expliques ce qu'il ressentait ? Cela ne voulait pas sortir et il semblait même se retenir intérieurement... Il n'avait jamais été habitué à parler de ce qu'il ressentait, et ne savait pas le faire. Cela ne voulait pas dire qu'il ne ressentait rien. Il se demandait cependant encore ce qui l'avait attirée chez lui. Elle... Elle, elle avait tout pour plaire à un homme... Mais lui, pourquoi... ? Il reposa sa choppe sur la table et amorça un geste de la main, comme s'il s'apprêtait à venir poser une main sur la sienne mais la laissa reposer toute seule sur la table.

« J'en serai ravi. Pour le repas chez tes parents. » murmura t-il sur un ton grave mais avec une douceur encore plus accentuée si tel était possible.

Bien sur... Elle aurait dû s'en douter... Elle s'en était douté d'ailleurs qu'il ne voudrait pas. Comment avait-elle pu croire ne serait-ce qu'une seule seconde qu'il accepterait de venir dormir chez elle? C'était déjà à peine si il osait lui prendre la main alors dormir dans le même lit qu'elle... C'est beau de rêver... Pourtant même si elle s'y était attendu elle était vraiment très déçue. Elle ne savait si c'était sa réponse ou sa réaction qui lui avait fait le plus mal, certainement les deux enfaite... Il avait clairement eut peur d'elle. Une douleur poignante lui serra le coeur, ça faisait vraiment mal. Pourquoi avait-il si peur d'elle? Même si il se trouvait une excuse, elle savait que c'était ça. La lueur d'espoir qui s'était allumé dans ses yeux durant quelques instants, quelques instants où elle avait cru que peut-être ils pourraient faire un pas en avant tout les deux, s'éteignit aussi et ses yeux se baissèrent immédiatement sur sa tasse de thé fumante. Aller Dora, tu avais dis que si il refusait de dormir chez tes parents tu ne lui en voudrait pas. Mais la suite ne l'aida pas plus. En plus d'avoir voulu se trouver une excuse en disant craindre de déranger ses parents il osait à présent lui dire qu'elle n'avait pas la dragoncelle... Merlin merci elle était au courant... C'était juste pour lui faire remarquer qu'il l'évitait comme si elle était contagieuse. Là tout de suite elle ne savait pas si elle devait en rire ou pleurer... Il y avait quand même de quoi.

Elle l'entendit s'auto flageller une nouvelle fois. Ça avait le don de l'agacer ça... Il avait toujours l'impression que tout était de sa faute qu'il n'y avait que lui qui pouvait avoir tout les tords. Il n'était pas plus fautif que les autres. Il était juste... Juste maladroit dans sa façon de s'exprimer avec elle, ou de se comporter tout cours en vérité. Il n'avait pas à s'excuser, elle savait dans quoi elle s'engageait quand ils ont commencé à avoir une relation un peu plus profonde – mais alors vraiment un peu.. – que l'amitié. Cependant ça n'en restait pas moins hallucinant... Il avait trente sept ans et elle avait l'impression d'être en face d'un adolescent d'à peine quinze ans qui aurait une petite amie pour la première fois. Quoi que... On pourrait se demander si ce n'était pas le cas d'ailleurs... Elle espérait pour lui que ce n'était pas le cas en tout cas. Pour se donner un peu le temps de reprendre contenance elle porta sa tasse à ses lèvres et se brûla la langue. Toussotant un peu elle reposa la tasse et releva les yeux vers lui. Au moins cette très petite brûlure lui donna quelques instants supplémentaires pour réfléchir.

«  Faut pas que tu te sente obligé. Enfin... Je veux dire... Faudrait que je sois aveugle pour pas voir que tu as pas envie de te retrouver seul avec moi. Je sais... Tu vas me dire que c'est nouveau pour toi, qu'il faut que je sois patiente et tout ça... Mais...Je vois bien que tu viens de te forcer à accepter et franchement... Je veux pas d'une relation pareille, je veux pas que tu te force à faire quelque chose simplement pour me faire plaisir. Je t'aime Remus... Je te l'ai dis et redis, mais... mais... Si tu ne te sens pas prêt, tu dois pas te sentir obligé, malgré ce que tout le monde à pu te dire. Je veux pas que tu sois malheureux à cause de moi et... Plus le temps passera plus je serais amoureuse de toi... Et plus je souffrirais. Alors... Si tu pense que … c'est pas le bon moment, faut que tu me le dise tout de suite et qu'on reste là. Avant... Qu'on se fasse du mal à tout les deux »

Elle fini d'une traite sa tasse de thé et se leva pour déposer un baiser sur sa joue et aller régler son thé et la consommation de Remus avant de se retourner et lui adresser un sourire contrit et sortir du pub. Elle avait certainement eut tord d'agir ainsi, ses paroles signeraient peut-être la fin de leur relation naissante, certainement même, Remus n'était pas du genre à courir après quelqu'un. Elle ne l'avait pas quitter, non non ! Elle en serait incapable pour le moment. Il en prendrait la décision seul, elle lui laissait le choix. Avec l'espoir tout de même qu'il tenait assez à elle pour venir la contredire.

… Remus ne savait pas ce qu'il avait dit de travers. Il avait accepté pour le repas. Et c'était vrai ; il ne voulait pas rester plus longtemps que nécessaire. Il ne voulait pas dérange lorsque ses parents seraient de retour. Il était sincère, il l'était toujours. Remus resta sans voix alors qu'elle se mettait à parler – sans doute le plus long monologue qu'elle eut jamais dit, il ne parla pas davantage lorsqu'elle finit son thé d'une traite ; pas plus qu'il ne fit un geste – hormis ouvrir sa bouche en signe d'ébahissement – lorsqu'elle l'embrassa sur la joue et qu'elle s'éloigna pour payer sa consommation. Il resta toujours immobile, lorsqu'elle sortit du pub. Il la suivit des yeux et d'un seul coup se sentit très seul. Dans son cœur. Quelque chose sombra. Il était si peu doué qu'il faisait fuir même les quelques personnes qui tenaient à lui. Il avait raison. Et ce depuis le début. Il était un monstre... Il ne savait même pas pourquoi elle s'était accroché à lui... Qu'est- ce qu'elle lui trouvait à la fin ? Pourquoi l'aimait-elle alors que lui se détestait... ? Il ne voyait pas du tout ce qu'il pouvait bien lui apporter... Au contraire, c'était elle qui avait bien plus de choses à lui apporter que lui n'en avait...

Mais il était perdu... Qu'avait-il dit qu'il ne fallait pas précisément ? Qu'avait-il qui avait sonné faux ? Il ne savait pas ce qu'il avait dit de mal, pas du tout. Il avait accepté de rester manger... Mais sans rester trop longtemps parce qu'il ne voulait pas déranger lorsque ses parents reviendraient. Comme s'il avait peur de trop empiéter dans sa vie, de prendre trop de place. Depuis qu'il se trouvait seul cependant, un bloc de glace semblait avoir pris place en plein milieu de sa poitrine... Il était tellement habitué à la présence de la jeune femme maintenant que son absence lui coûtait... Il ne savait pas ce qu'il avait fait ou dit de mal mais sa gorge se noua par la perte et la pensée de la perdre à jamais ; son cœur refusait de se desserrer et le bloc de glace qui avait logé dans sa poitrine semblait au contraire de se desserrer prendre davantage d'ampleur. Il l'avait perdue tout comme il avait perdu progressivement tout ses amis... Au final, il ne resterait plus que seul. Remarquez, c'était sans doute aussi bien pour les autres puisqu'il ne pourrait plus leur faire aucun mal. C'était ce qu'il avait voulu au début. Ne pas s'attacher. Tout le monde était plus heureux sans lui, et c'était ce qu'il voulait, non ? Qu'ils soient heureux … C'était ce qui compter avant tout, peu importe ce qu'il ressentait lui-même. Mais il s'était attachée à la jeune femme d'une manière irrémédiable... Il ne l'avait pas prévu... Le sourire de sa voix lui créait un sillon douloureux au fond de lui, le souvenir de son sourire ou de sourire l'augmentait encore jusqu'à ce que la blessure croissante qu'il ressentait le força à voir la vérité en face. Il avait besoin d'elle.

Les mains moites il attrapa son verre qu'il vida d'un trait. Même la boisson avait du mal à passer dans sa gorge resserrée. Il se leva, attrapa son verre vide qu'il ramena au comptoir. D'une voix absente, lointaine, il remercia Tom et paya son dû. A l'entrée du pub, il enfila sa cape de nouveau et fouilla la rue du regard, recherchant une silhouette... Une seule silhouette... Presque désespérément. Il ne savait pas depuis combien de temps elle était sortie, mais pas plus de quelques minutes sûrement. Seulement, les secondes avaient parues minutes, et les minutes avaient semblé heures. L'étau dans sa poitrine se mit à le fui faire plus mal encore... C'est alors qu'il semblait reconnaître sa silhouette, au loin, avançant lentement. Définitivement, cela ne faisait que quelques minutes pas plus qu'elle était sortie... Elle aurait pu transplaner aussi, aussi fut-ce une chance qu'elle ne l'ait pas fait... Ses jambes décidèrent avant lui et se mirent à franchir à grandes enjambées la distance, comme si elles avaient des ailes. Parvenant à son hauteur, il posa une main sur son épaule et la força à se retourner, à le regarder. Le visage ébranlé et tordu dans une grimace douloureuse à la seule idée de la perdre, il ne dit pourtant rien. Il reste immobile, tendu dans une expression figé et le regard douloureux, sans parvenir à prononcer quoique ce soit. La seule chose qu'il fit fut d'ouvrir la bouche sans pouvoir parler toutefois... Il se rapprocha finalement pour enrouler ses bras autour d'elle et la tenir le plus fort qu'il put contre lui. Il ferma les yeux.

« S'il te plaît, reste, j'ai besoin de toi... » murmura t-il simplement en serrant son visage contre ses cheveux et toujours sans la relâcher, comme si sa seule présence le réconfortait. Son oxygène... Il ne mentait pas ; il lui semblait ne plus pouvoir respirer quand elle s'éloignait de lui, quand il la voyait partir... Il voulait toujours garder un œil sur elle, il avait peur... Peur qu'il lui arrive quelque chose s'il la perdait de vue, peur qu'il lui arrive quelque chose... Et qu'il ne soit pas là pour pouvoir la protéger, la sauver... Mais c'était plus que de la peur, plus que de la nécessité de la savoir vivante... Pourtant, si elle partait, où allait-il sinon nul part ? S'il partait, il mourrait... Son cœur mourrait... Elle était la sauvegarde de son cœur ; elle le faisait vivre, elle le faisait battre. Il avait autant besoin d'elle qu'elle de lui... « S'il te plaît.... » reprit-il d'une voix basse et rauque près de son oreille, sans rouvrir les yeux. Présentement, il s'en fichait qu'il y ait des passants... Il ne voulait pas qu'elle s'éloigne, il ne voulait pas la laisser partir ; il voulait la sentir là, contre lui... Juste se sentir vivant et la sentir vivante.

Parce que sans elle il n'était rien. Mais comment le dire ? Pour Remus c'était la chose la plus compliquée qu'il ait jamais eu à dire...
Il avait tellement peur...

Il avait besoin d'elle, c'était indéniable. Il l'avait compris depuis bien longtemps même s'il avait encore peur de montré ses sentiments, de montrer qu'il tenait à elle... Peut-être pas plus mais autant qu'elle tenait à lui ? Non ? Il ne savait pas réellement combien elle tenait à lui après tout. Il n'était pas dans sa tête, il n'était pas dans son cœur. Et il n'aimait pas l'être, parce que sinon il saurait alors combien il avait dû la faire souffrir à une époque et il s'en voudrait alors encore plus. Il ne pourrait assurément plus la regarder en face, mais pas seulement ; il ne pourrait également plus se regarder en face. S'il tenait à elle... Bien sûr qu'il y tenait. Il n'avait jamais été très bon dans l'expression de ses sentiments. Pourquoi ? La peur sans doute. La peur de trop s'attacher à elle, de lui montrer qu'il y tenait trop, et puis... Au bout, de la perdre. Sonne ne savait quelle serait l'issue de cette guerre, qui gagnerait, qui perdrait... Il avait peur de souffrir certes. Il avait peur également de « la » faire souffrir. S'il ne survirait pas, après tout... Tout était possible. S'il s'attachait trop à elle, si elle s'attachait trop à  lui... Et qu'il ne survivait pas, alors elle serait malheureuse. Il ne serait plus là certes, pour le voir, mais il ne voulait plus qu'elle soit malheureuse. Plus à cause de lui. Il voulait qu'elle puisse continuer … Continuer après.

Mais tout à l'heure ; il avait été confronté à la partie qui avait besoin d'elle, plus que n'importe qui et plus même s'il savait qu'ils étaient en guerre et que l'issue pouvait être tragique pour l'un comme pour l'autre... L'une d'elle avait peur, l'autre ne voulait pas refuser ce qu'elle lui offrait. Il se considérait toujours trop pauvre, toujours trop dangereux, et pas assez beau pour elle, il ne se considérait pas la mériter … Mais il savait ce que lui voulait, et il ne voulait pas la perdre... Pas maintenant, pas pour des pacotilles. Pendant cinq minutes il avait mesuré l'ampleur du vide que son absence créait en lui... Cinq minutes où il ne s'était sentit plus rien. Il aurait dû la laisser partir sans doute ! Ainsi, elle aurait compris qu'il la libérait et qu'il lui laissait la chance d'être heureuse avec quelqu'un d'autres. Quelqu'un d'autres qui le mériterait et qui saurait lui apporter bien plus que lui. Qu'avait-il après tout à lui apporter ? A l'inverse, elle lui apportait bien plus de choses que lui, il lui apportait. Mais il ne voulait plus être seul... Comment lui dire que dès qu'elle s'éloignait, con cœur mourrait ? Si les mots étaient simples en soi, il ne pouvait pas quand même le dire ainsi. Il ne savait pas le dire. Alors la meilleure façon de lui intimer de rester, était de la prendre dans ses bras. C'était toujours de cette façon qu'il parvenait le mieux à montrer ce qu'il ressentait. C'était beaucoup plus facile.

Il ne savait pas combien de temps exactement il l'avait gardée dans ses bras mais lorsqu'il s'éloigna, il était embarrassé. Il avait agi sur une impulsion. Comment allait-elle réagir présent ? Le gifler ? Elle serait en droit... Et il ne ferait rien pour l'en empêcher. Il l'avait mérité. Peut-être qu'elle ne voulait plus de lui... Son cœur se brisait rien qu'à cette pensée. Il s'éloigna donc et reprit une distance acceptable lorsqu'elle lui dit qu'elle serait partie s'il l'avait voulu. Le seul truc c'était que ce n'était pas du tout sa volonté. Il n'en demeurait pas moins toutefois qu'il était bien incapable de le dire, et s'il avait voulu parler, c'était des mots bien différent à chaque fois qui sortaient toujours. Bien différentes de ceux auxquels il pensait à l'origine. Elle lui proposa ensuite d'aller chez ses parents, soulignant qu'ils devaient être partis maintenant. Lentement, Remus hocha la tête... Au moins il ne dérangerait pas trop. Il n'était pas non plus un opportuniste et il n'aimait pas ainsi venir dans sa famille, s'immiscer au sein de « sa » famille. Il n'avait pas envie qu'on le dise s’incruster de trop.

« Je, oui bien sûr... » répondit-il avec un léger sourire, avant de remarquer qu'elle avait glissé la main dans la sienne et il la serra doucement. « Je... Je vais faire un effort... » ajouta t-il finalement, au prix de maints efforts en lui-même. Il avait enfin réussi à dire quelque chose. Bon, ce n'était pas non plus une grande promesse, u une grande déclaration mais au moins, il avait dit qu'il essaierait de faire un effort. Après, c'était à elle de le prendre comme elle le voulait...

Non pas que Remus se sentait mal à l'aise ici, dans la maison des Tonks, mais il n'arrivait pas vraiment à se détendre. Rare étaient même les moments où il arrivait parfaitement à se détendre... Très rare même. Il semblait toujours préoccupé par quelque chose, il semblait toujours réfléchir, penser, s'inquiéter pour quelque chose... Rares étaient les moments où il était vraiment détendu. Si Tonks avait un effet un peu reposant sur son âme cependant, et si sa présence faisait qu'il se sentait un peu plus jeune qu'il ne l'était – ou le paraissait – il n'empêche qu'il ne parvenait pas à se départir de cette sensation d'avoir toujours l'impression d'être tendu. Il l'était toujours, en n'importe quelle circonstances... Du moins, il était rare qu'il parvienne à se « lâcher », à rester allongé sur un canapé par exemple et être complètement détendu, à rester à ne penser à rien...
D'ailleurs, il ne pensait jamais à rien. Il pensait toujours à quelque chose.
Tonks lui répondit qu'elle non plus n'avait jamais compris à ce jeu. Remus hocha la tête... Il ne comprenait que les moldus puissent être accro d'un de ces sports. Pour lui, il n'y avait pas plus exaltant que le Quidditch...

Et puis, quant à la magie... Quand il voyait des tours de magie – pas forcément à la télé vu qu'il n'en avait pas – il trouvait effectivement cela très drôle... Mais vraiment ridiculement drôle. Il riait bien de les voir essayer de faire des tours de magie... Il n'osait d'ailleurs imaginer si eux-mêmes faisaient de ces tours. Pourquoi les considérerait-on ? C'est vraiment limité. Ce n'était pas avec des lapins qu'ils allaient réussir à gagner la guerre, à se défendre. Il trouvait leurs tours ridiculement inutile... Enfin c'était juste pour les amuser, et tant que cela les amusait, alors tant mieux,Sans compter que ce n'était pas de la vraie magie. Etrange également combien ils n'aimaient pas les sorciers – d'où la raison pour laquelle ils cachaient leur existence vis-à-vis eux depuis des siècles – et à côté de cela, ils tournaient en ridicule ce qu'ils appelaient « magie ». C'était tout bonnement... Ridicule, mais divertissant. Enfin, jusqu'à un certain point. Remus ne resterait pas des heures à regarder toujours les mêmes tours de magie... Surtout qu'en plus oui, ils étaient assez limitée niveau « magie ».

« C'est en effet très divertissant, parfois, la façon dont ils se disent 'magicien'... » répondit-il avec un léger sourire.

Néanmoins... Peut-être que certains – certains... - avaient vraiment des pouvoirs, un semblant... Disons, une tendance un peu plus sensible à ce qui était la magie, peut-être que certains y étant plus sensibles, parvenaient à faire des choses, infimes certes... Après tout, il suffisait vraiment d'y croire… Mais cela restait des cas très particuliers. La plupart n'avaient évidemment aucun pouvoirs, et ceux qui en avaient 'un peu', ce n'était pas vraiment de la magie... C'était juste... Une certaine sensibilité à la magie plus prononcée que pour d'autres. Enfin, bien entendu, ça restait à être prouvé ! C'était ce que Remus pensait, mais il n'en n'avait jamais encore eu de preuves sur cette hypothèse... Il ne faisait qu'échafauder.

Il se laissa entraîner ensuite pour la visite de la maison. A peine eut-il le temps de lentement hocher la tête en signe d’acquiescement qu'elle lui avait lui avait déjà pris la main et qu'elle l'entraînait vers les étages. Elle lui indiqua la chambre de ses parents, devant laquelle ils passèrent pour ensuite se diriger dans son « antre » à elle, dans sa chambre... Remus s'attendait à voir une pièce un peu plus.... En bazar mais comme elle le lui indiqua, elle avait pris soin de ranger un peu avant de l'y faire venir. Ceci expliquait cela ! Il se mit à regarder alors un peu plus autour de lui, arrêtant son regard sur quelques photos qui apparaissaient, mais également sur la banderole de Poufsouffle toujours accrochée à son mur, aux couleurs un peu vieillie certes mais cela n'avait guère d'importance.
Lui aussi avait gardé la sienne d'ailleurs... De Gryffondor évidemment. Après tout, c'était son ancienne Maison, mais également un écusson de Poudlard où figuraient les quatre emblèmes des Maisons. Il avait également gardé son écharpe, sa cravate aux couleurs de Gryffondor, et son uniforme – vraiment trop petit à présent – ils étaient rangés au fond de son placard maintenant...
Il s'approcha doucement et s'arrêta devant la photo d'elle avec Maugrey. Il eut une moue amusée et la prenant dans sa main, il l'observa un moment avant de lever les yeux vers elle pour lui demander...

« Avoue, combien tu l'as payé pour qu'il daigne poser sur une photo ? » Il souriait.

… Reposant la première photo sur le meuble où il l'avait prise - à la même place – il avisa la seconde, celle prise avec Sirius, et il eut un petit sourire. Il y en avait aussi une avec une jeune femme pendue à son cou... Sans doute une pendant qu'elle était à Poudlard. Elle semblait plus jeune. C'était certainement une amie d'école.

Adorable... Le lycan ne put s'empêcher de rire. Adorable n'était pas vraiment le qualificatif qu'il emploierait pour parler d'Alastor à vrai dire. Ce « vieux » célibataire (du moins il pensait ? Il n'en était même pas sûr...) et bourru comme un ours, mais bienveillant assurément … Un peu paranoïaque sur les bords mais il était certain que Remus ne pouvait l'en blâmer. On l'était tous, et puis d'un certain côté, Remus l'était aussi beaucoup. Il restait très méfiant et craignait toujours le pire. Lorsqu'elle lui dit qu'il était « bizarre mais... Adorable » il ne put donc s'empêcher de rigoler légèrement en continuant d'observer quelques secondes la photos à la dérobée. Il savait que l'homme était très important pour Tonks évidemment ; c'était lui qui l'avait formée ! Donc il était assurément pour elle ce que Dumbledore avait été pour lui. Dumbledore pour qui sa reconnaissance serait sans nul doute éternelle... C'était totalement différent ; cela ne pouvait pas se comparer ; du tout, Dumbledore avait fait pour lui ce que rares d'autres auraient fait pour lui. On ne pouvait pas comparer la reconnaissance qu'il avait envers le vieil homme à n'importe quelle reconnaissance qu'avaient d'autres membres de l'Ordre envers lui. La sienne était plus profonde et forcément plus forte.

« Si tu le dis. » répondit, un brin amusé.

Le fait était, qu'il avait beaucoup de respect pour Alastor et dont la force n'était pas à négliger. Néanmoins il ne le pensait pas vraiment du genre à vouloir être adorable avec les gens, c'est pour cela qu'il ne crut qu'à moitié Tonks lorsqu'elle lui dit qu'elle ne lui avait rien fait ! Le connaissant, il avait forcément du rechigner de prendre une photo, jugeant sans doute cela comme une perte de temps. Elle avait sûrement fait quelque chose. Ou alors... En tous cas elle n'avait certainement pas dû le maintenir en position très longtemps. Juste pour la photo. Il ne le voyait pas vraiment du genre à « prendre des photos » avec ses élèves, quand bien même il les aimait beaucoup … Il trouvait étrange de le voir sur une photographie. Très étrange.

Ils continuèrent de regarder quelques photos, Remus souriant à certaines qu'il trouvait particulièrement amusantes... Il la sentit se lever à u moment mais releva à peine les yeux, songeant qu'elle devait avoir pensé à quelque chose et qu'elle allait revenir plus tard. Il releva les yeux plusieurs minutes plus tard alors qu'elle semblait balancer quelque chose devant les yeux et il mit quelques secondes à reconnaître de quoi il s'agissait. Ne semblant comprendre ce qu'elle lui voulait, il la regarda pendant plusieurs secondes avant de lever les yeux au ciel et de soupirer impuissamment...

Oh non, il aurait dû se douter qu'elle et les photos, c'était une obsession... Il n'avait rien contre les photos et au contraire, il en avait énormément d'une certaine période de sa vie, mais il n'aimait pas se voir sur les photos. Il ne se trouvait pas du tout photogénique et il se trouvait une tête bizarre sur chaque, venant du fait qu'il ne savait jamais quelle expression avoir pour faire naturel. Il n'arrivait pas à faire naturel. Sur toutes les photos qu'il voyait où il était dessus, il avait l'impression d'être toujours coincé. Ce qui n'était pas du tout le problème de Tonks vous en conviendrez... Lorsqu'il comprit son intention, une grimace s'esquissa sur son visage mais ne fut pas en mesure de lui refuser directement.

« C'est vraiment utile?… Je te préviens, tu risques fortement de gâcher ta pellicule... » maugréa t-il à moitié d'un ton sombre et bourru en se renfrognant subitement, et pour le coup, il pensa fortement ressembler à Maugrey. Non mais c'est vrai, ce n'était pas obligée des photos, d'où qu'elle sortait cette idée ?? Elle tenait vraiment à gâcher sa pellicule. Personne n'était obligé d'en prendre, s'ils n'en voulaient pas. C'était juste un plus, pas un nécessaire. La pensée était bien plus vivace dans son esprit, et pas besoin de petits bouts de papier, ses amis l'accompagnait toujours ; et il ne risquait pas de les perdre en combat... Tandis qu'une photo, si. Toutes ses vieilles photos étaient enfermées dans un coffret qu'il avait dans le grenier de ses parents. Et le souvenir, restait avec lui. « Appareil moldu, ou sorcier ? » demanda t-il par simple curiosité.

Des photos... Il en avait, il en avait pleins et celles-ci se trouvaient toutes rangées dans le grenier de ses parents sans nul doute. Il en avait de lui quand il était petit... Les photos s'étaient ensuite raréfiées quand il avait grandi... Elles s'étaient surtout raréfiées à partir du moment où sa famille avait été brisée... A partir du moment où son père était partit, il n'y avait plus eu que de rares photos en présence de sa ère et toujours, sur celles-ci, la tristesse se lisait dans ses yeux. Il pouvait compter quelques rares photographies également de lui et ses amis, les Maraudeurs... Il avait une photo de groupe, dont Lily faisait partie plus Marlène McKinnon et Mary McDonald, qui était à l'époque la petite amie de Sirius... Si, si ! Ils étaient ensembles depuis deux semaines – un record – à ce moment-là. Lui ? Lui, il était seul. Enfin il n'était pas seul, il avait ses amis et c'était tout ce dont il avait besoin.

Tout était, à présent, enfermé. Ils avaient tous les cheveux un peu plus long à cette époque... L'époque Peace and Love, comme on disait chez les Moldus ! Ah que ce temps était lointain... Il ne fallait pas y penser. Cela ne créait que de l'amertume, rien d'autres... A force de voir les yeux tristes de sa mère li être renvoyé et se refléter sur les siens lorsqu'il observait ses photographies, il s'était pris à détester les photos. Sauf celles sur les cinq premières de sa vie... Mais elles étaient toutes sans exception, enfermées avec soin dans un endroit connu de lui seul. En plus du fait qu'il ne se trouvait jamais bien sur les photos, il n'aimait pas vraiment cela. Il fut toutefois surprit que Nymphadora n'insiste pas davantage – cela ne lui ressemblait pas... Mais alors pas du tout.

C'était un appareil photo moldu, qu'elle lui répondit. Ses parents à lui en avait eu un sorcier et un moldu, sa mère étant d'origine Moldue (mais sorcière) ; il avait donc des deux photos dans la grosse malle présente dans le grenier des Lupin, dans la maison d'enfance de Remus... Il ne pourrait dire lesquelles il préférait à vrai dire, en tous les cas il aimait beaucoup les photos en noir et blanc. Ce n'était pas la même esthétique que les photos en couleurs... C'était... Différent. Il aimait bien les photos en couleurs, mais ce n'était clairement pas la même chose. Il aimait les teintes du noir et blanc. Certaines personnes pouvaient trouver qu'il avait des goûts « vieux-jeux » et qu'aujourd'hui avec la couleur, il fallait avancer et oublier le noir et blanc, mais il n'y avait pas la même impression qui se faisait entre les deux.

Pendant qu'il était en train de penser, Tonks était allée remettre en place l'appareil photo – il était toujours autant surprit de ne même pas a voir insister juste une seule fois, mais il se dit que peut-être qu'au fond elle ne la voulait pas forcément cette photo. Parce qu'il l'avait connue plus combative, beaucoup plus... A l'époque où elle essayait de lui faire entendre raison et où sa Raison avait encore le pas sur son Coeur. Lorsqu'elle revint s'assoir sur son lit, Remus esquissa un sourire... Et regarda autour de lui, cherchant encore à découvrir des choses qu'il n'avait plus vu – plus vraisemblablement pour essayer de trouver quelque chose qui viendrait combler le silence les environnant. Lorsqu'elle lui demanda s'il voulait qu'ils descendent manger, sa première interrogation fut de se demander quelle heure il était. Un coup d'oeil à la pendule lui indiquât. Il était encore tôt... Enfin, il n'avait pas l'habitude de manger si tôt. Il n'avait pas forcément encore faim d'ailleurs mais de l'autre côté, il ne savait pas trop que faire. Il se demandait aussi quand arriverait ses parents, s'ils avaient déserté la maison exprès et combien d'heures il lui avait laissée de libre pour le faire venir... Non pas qu'il avait peur de les rencontrer, - d'ailleurs il les connaissait, il les avaient déjà rencontrés mais pas en tant que « compagnon de leur fille »... Il n'avait pas peur de les rencontrer...
C'était compliqué.
Ils voudraient sans doute savoir pleins de choses et lui poser beaucoup plus de questions auxquelles lui-même ne pouvaient même répondre, alors... Il ne savait pas vraiment encore ce qu'il voulait.

« Heu, je ne sais pas, comme tu veux. Tes parents doivent revenir vers quelle heure au fait ? » lui demanda t-il par curiosité. Il s'interrompit car il sentit son pieds heurter dans quelque chose. Pas quelque chose de dur... Quelque chose d'assez mou... Comme une feuille de papier. Baissant les yeux, il se baissa pour ramasser ce que se trouvait à son pieds. Une carte Chocogrenouille de Gwendoline la Fantasque. Un sourire s'esquissa sur son visage et une expression de stupéfaction de substitua à celle-ci d'un seul coup et il releva les yeux vers Tonks...

« Je rêve, cette carte chocogrenouille, ça fait trente ans que je la cherche dans les chocolats sans jamais tomber dessus ! Je me demandais même s'ils la faisaient encore ou si elle n'était pas en édition limitée... Où l'as-tu trouvée ?! »

… Ben quoi ? La collection des cartes chocogrenouilles, n'était pas que pour les enfants. Remus avait d'ailleurs une belle collection de cartes en y pensant, et surtout beaucoup en triple ou quadruple, mais aucune de la numéro 20 ! Depuis qu'il avait onze ans, il en faisait la collection. Et vu le nombre de Chocogrenouille qu'il avait pu manger en l'espace de trente ans...

En réalité, Remus faisait de gros efforts intérieurs pour trouver quelque chose à dire, combler les silences ; il n'était pas vraiment doué pour trouver des sujets de conversations... De quoi les gens devaient-ils parler ensembles ou dans un couple ? Il devait avouer ne pas en connaître beaucoup sur la jeune femme d'ailleurs, sur sa vie, son enfance, son adolescence... Quelqu'un qui était censé être en couple devait-il s'intéresser à ce genre de choses ? Cela comblait parfois les silences... Alors il avait au moins quelque chose à dire. Il lui avait demandé à quelle heure ses parents devaient rentrer. Ils ne voulaient également pas les déranger, rester trop tard... Mais il y avait deux raisons pour lesquelles il lui avait demandé l'heure donc. D'un côté cela avait de l'importance. Dès lors que ses parents seraient arrivés, il ne voudrait pas déranger et donc serait tenté de s'éclipser, laissant Tonks avec sa famille. Alors il voulait avoir peut-être une idée du temps qui lui restait...

… Et là, il venait de trouver cette carte de chocogrenouilles. C'était l'une des choses qui lui faisait parfois regretter son enfance. - bien qu'il n'en avait jamais vraiment eux. Il se souvenait sa grosse boîte en ferraille où il les rangeait toutes... Cela lui donnait presque envie de retourner chez lui pour monter au grenier et rechercher cette boîte. Il en avait bien une bonne centaine de cartes – sans compter les doubles et les triples. C'était l'une des choses qu'il avait directement adoré chez la magie. Fasciné. Cette grenouille en chocolat... Il aurait presque encore le goût du chocolat sur la langue. Ohh, là, tout de suite, il avait envie de manger un chocogrenouilles... Comment ça c'était pour les enfants les chocolats ? Pas du tout... Il avait toujours été friands du chocolat, qu'il ait trois, cinq, dix, ou trente-sept ans. Les cartes de chocogrenouilles, que l'on soit enfant ou même adulte, c'était absolument prodigieux, et il ne pouvait de toutes façons pas pensé que cela ne plaise pas à Tonks qui était à la fois, si originale en elle-même, et unique, amusante. Elle était bien du genre à collectionner toujours encore les cartes que l'on trouvait dans les Chocogrenouilles. Elle avait toujours su garder un côté enfantin qu'il avait toujours aimé... Une fraîcheur indubitable. Il ne faisait donc aucun doute pour lui. Il était presque certain de trouver une collection de certes ici dans sa chambre.

Il releva la tête, esquissant un sourire, à sa réponse. Oui, alors logiquement en effet, les cartes de chocogrenouilles on les trouvait dans les « boîtes de chocogrenouilles »... Elle n'avait pas l'air beaucoup enjouée à vrai dire, comme si cela n'avait que peu d'importance à ses yeux. Comment ne pouvait-on pas pouvoir garder toutes ses cartes chocogrenouilles avec une certaine nostalgie de son enfance passée ? C'était incompréhensible...
Il parut choqué par la fin de sa réponse alors qu'il mettait la carte dans sa poche. Il ne savait plus que dire du coup. Il avait pensé qu'elle aussi était une grande passionnée des cartes chocogrenouilles, qu'ils avaient au moins un sujet commun... Et puis, c'était tellement elle d'être passionnée de ces petites choses-là. Il la voyait bien collectionner un peu tout ce qui sortait de l'ordinaire, c'était quelque chose qu'il avait même tendance à bien aimer. Du coup, il se sentit un peu perdu et ne sut plus que dire, se trouvant ridicule dans sa propre passion d'enfance.

« Y'a pas d'mal à garder un ptit côté enfant tu sais... Et puis qui n'aime pas les Chocogrenouilles mêmes adultes ? » marmonna t-il un peu contrarié et comme s'il trouvait nécessaire de se justifier... Vous vous souvenez qu'on lui avait volé son enfance ? Alors il fallait bien la remplacer par quelque chose d'une certaine manière.

Il resta contrarié même malgré le fait qu'elle s'était rapprochée et qu'elle lui déposait pleins de petits bisous dans le cou et la nuque. « Je pensais que tu étais l'une des personnes qui ne pouvait que comprendre ce que c'était... » ajouta t-il en haussant les épaules alors qu'il semblait désemparé de découvrir que Tonks n'était pas celle qu'il avait toujours cru ni celle qu'elle avait toujours laissée paraître... ? Il en était presque déçu qu'elle ne soit pas autant juste elle-même en toutes circonstances... Parce que ne le cachons pas, c'était quelque chose qu'il avait toujours aimé chez elle, le fait qu'elle était toujours elle-même, en faisant fi du regard des autres. Quelque chose qu'il admirait encore plus parce que c'était justement quelque chose qu'il n'avait jamais pu aller outre.

« … J'en ai quatre de Dumbledore, dans ma vieille boîte en ferraille dans le grenier de mes parents. En fait non ce n'est pas nécessairement ma préférée... Il y en a plusieurs autres mais peu importe... Qu'est-ce qui te fait penser cela ? » reprit-il ensuite, cette fois amusé. Question rhétorique... Evidemment c'était évident qu'elle pensait que c'était sa carte préférée. Son admiration pour l'homme n'était un secret pour personne !

On ne perd jamais totalement son âme d'enfant, c'est impossible. Le simple fait de rire à gorge déployée, de faire une plaisanterie ou même de croquer à pleines dents dans une part de gâteau au chocolat est une réminiscence de notre enfance. De ces moments où tout était si simple, où l'on avait pas à se demander si demain serait le dernier jour. Les mangemorts, la guerre et la mort étaient encore bien loin. Si ils étaient là, on y pensait pas, on les laissait loin car ce n'était pas nos affaires, on avait d'autres problèmes. Est-ce que maman aura penser à préparer notre tarte préférée? Est-ce que papa nous lira une histoire avant de nous mettre au lit ? Comment faire pour ne pas que les parents voient qu'on a casser un vase dans le salon etc etc... Des petits problèmes, minuscules et infimes qui nous turlupinaient à l'époque mais qui aujourd'hui nous paraissent bien dérisoires à côté des factures à payer, des mangemorts qui tuent sans scrupules et du fait qu'on ne sait pas combien de temps encore il nous reste à passer avec ceux que l'on aime. Perdre totalement son âme d'enfant c'est perdre sa capacité à rêver, à espérer un monde meilleur. Aux enfants leurs problèmes d'enfants et aux adultes leurs problèmes d'adultes. Mais pourquoi ne pourront pas avoir le sérieux d'un adulte étant enfant et l'innocence d'un enfant dans sa vie adulte? C'est ainsi que Tonks voyait le monde. Au final on restait toujours cet enfant qu'on avait été, on avait juste enfilé les vêtements et les responsabilités d'un adulte.

Qu'il se rassure, elle ne comptait pas changer de sitôt. Elle était bien trop bien comme elle était, au contraire de certains, elle était elle même, elle ne cherchait pas à se donner un genre ou à plaire à tout prix. Ceux qui l'acceptait telle qu'elle était étaient les bienvenus, les autres tant pis pour eux, si ils n'étaient pas prêts à l'aimer telle qu'elle alors pas grave, c'est qu'ils n'en valaient pas la peine. C'est ainsi qu'elle avait relativisé le fait de n'avoir jamais connu sa famille maternelle. Enfant bien sur elle avait posé quelques questions à ses parents mais à chaque fois son père pinçait les lèvres et faisait mine de se plonger intensivement dans le journal ou dans la télévision et sa mère la regardait avec un voile triste sur les yeux et retournait à la cuisine. Avec le temps elle avait fini par ne plus poser de question et c'est en grandissant qu'elle avait compris pourquoi ses parents avaient cette triste réaction à chaque fois. C'est avec les différences des autres, en les côtoyant qu'on apprend et qu'on se forme. Si on reste enfermé dans son monde on ne peut jamais grandir complètement puisque de toute façon on en apprend tout les jours. Personne n'est pas parfait, et personne ne le sera jamais de toute façon alors pourquoi rechercher la perfection puisqu'elle n'existe pas? Nymphadora voyait plutôt le chaudron à moitié plein qu'à moitié vide. Chaque petit défaut faisait qu'une personne était unique et ces petits défauts qui en plus de faire le charme de quelqu'un rendaient chaque qualité un peu plus brillantes aux yeux des autres.

La jeune femme éclata de rire quand il lui demanda si elles cachaient ses peluches en journée pour ne les sortir que la nuit. Non, ce n'était pas son genre. C'était juste que Mister Cat lui ''chauffait la place'' pour la nuit. Et puis après tout c'était un chat ! Les chats aiment la chaleur et ils dorment toute la journée donc sous les couvertures est bien sa place. Après un sourire elle se décida à lui répondre.
« Et non, je ne les cache pas. Chut Mister Cat fait dodo. Il m'attend pour que j'ai bien chaud le soir. Peut-être que je pourrais te le présenter si tu veux bien rester dormir à la maison ce soir. »

Et voilà elle avait fait repasser le message, juste au cas où il ait oublié qu'elle lui avait également proposé de passer la nuit avec elle. En tout bien tout honneur bien entendu! Se levant elle se dirigea vers la porte et se retourna vers lui.

«  Tu viens? Et ne t'avise pas d'aller le réveiller... Il pourrait te griffer. » Ajouta-t-elle en riant.

Bien entendu que l'on pouvait perdre son âme d'enfant. Il doutait sérieusement que les mangemorts l'eut gardé, eux. Alors, bien sûr, on pouvait perdre ce côté enfantin, ce côté innocent qu'on avait pendant l'enfance. En quelques sortes, Remus avait perdu beaucoup d'ailleurs de son enfance... Alors continuer à collectionner les cartes de chocogrenouilles consistait à retrouver une partie de son enfance qu'on lui avait si sauvagement volé. Mais évidemment que certaines personnes pouvaient parfaitement perdre leur âme d'enfant, ou même peut-être que certains n'avaient jamais eu d'enfance... Tout simplement ; peut-être même que certains – et sans savoir pourquoi, Remus eut une brève pensée vers Severus, qui lui avait toujours paru n'avoir pas eu une vie très facile... - A se demander s'il avait jamais été un enfant qui s'amusait de tout ou de rien... C'était à se demander. Les évènements de notre passé forgeait notre futur et notre façon d'être dans le présent.

Certains personnes par conséquent, considérait que l'enfant n'était pas une partie de la vie, sans doute, et que l'on devait au plus tôt s'en débarrasser pour trouver son vrai moi. Alors ils jetaient leurs jouets – façon de parler - , ils devenaient adultes... Ils oubliaient de rire. Oh bien sûr que l'on pouvait perdre son âme d'enfant. C'était même si facile, pour certains caractère durs et inflexible. Certains oubliaient, un jour, qu'ils avaient été enfant ; d'autres au contraire, la conservait... C'est ainsi que certains avançaient et évoluaient.

Lorsqu'il avait rencontré Nymphadora pour la première fois, c'était ce qui lui avait tout d'abord fait plaisir et inconsciemment, c'était ce qu'il avait aimé chez elle en premier. Elle ramenait la joie et les sourires sur les visages en changeant juste la forme de son nez ou la couleur de ses cheveux. Son rire illuminait avec éclat les cœurs – à moins que ce soit uniquement lui qui s'était sentit ainsi ? - et c'était si plaisant de voir, sur son visage, un sourire s'étendre. Donc il était heureux de voir, et il espérait que jamais rien ne la changerait, qu'elle avait toutefois garder une partie de son âme d'enfant. Quand tout le monde devenait vraiment adulte, il espérait qu'elle reste la seule au moins à garder une âme d'enfant, au fond d'elle… Cela était suffisant pour lui faire entendre raison et lui souffler que rien n'était vraiment perdu et qu'il y avait encore de l'espoir, quelque part.

Ses pensées philosophiques furent interrompues lorsqu'il entendit éclater de rire et il l'écouta alors. Son rire... Comme il venait de le penser, cela avait toujours tendance à à lui faire naître un léger sourire aux lèvres... Rien qu'à l'entendre rire, on avait envie de sourire. Et d'oublier tout le reste... Encore faut-il bien sûr être capable de l'oublier ; chose dont il ne savait pas s'il l'était vraiment. Mais parfois, il avait envie de tester. Relevant la tête il se rendit compte qu'elle s'était levée de nouveau et lui tendait la main tandis qu'elle l'attendait... Réfléchissant quelques secondes, il finit par répondre en tapotant un peu le matelas de ses mains et en restant assis ; bien confortable.

« … Je suis un peu fainéant. Je n'ai pas envie de bouger je crois. »

… Mais à quoi jouait-il ??! Il était sérieux ?! Remus, fainéant ?

Mais.. Mais enfin à quoi jouait-il? Il était entrain de taper le matelas à côté de lui comme si il voulait la faire revenir s'assoir alors qu'elle l'attendait pour aller dîner. Un peu fainéant?! Par les caleçons de Merlin! Il se moquait d'elle le bougre! Si lui était un fainéant tout le monde l'était. Vilain garçon va... Il allait la retarder en voulait jouer comme ça. Mais bon tant pis pour lui si ils étaient toujours à table quand ses parents rentreraient. Faisant mine de s'impatientée, Nymphadora poussa un profond soupire avant de venir se planté face à lui les deux mains sur les hanches dans la pause que prendrait une mère devant son enfant qui ferait un caprice. D'ailleurs elle avait si souvent vu sa mère le faire que si elle avait été brune elle en aurait été la parfaite copie.

« Aller Remus... On se lève...Ne m'oblige pas à te mettre une fessée. »

Faudrait-il d'abord qu'elle réussisse à lui mettre parce en vérité elle doutait qu'il se laisse faire aussi facilement. Ce serait même plutôt lui qui réussirait à lui mettre en premier déjà car il est plus fort qu'elle mais aussi car ses sens sont plus développés. Mais il n'oserait pas faire cela n'est ce pas?... Enfin de toute manière mieux valait pas qu'il s'y amuse ou alors il aurait à subir les foudres terribles de Nymphadora Tonks et une pluie de coussins s'abattrait sur lui pour ne lui laisser aucun répit. Cependant... Il semblait-être d'humeur taquine, peut-être devrait-elle en profiter un peu. Le fait qu'ils soient pour une fois vraiment seuls avait peut-être un peu déridé Remus. Elle aimait le voir ainsi, joyeux et plein de vie. Cela contrastait merveilleusement bien avec ce qu'elle avait l'habitude de voir de lui qui d'ordinaire était si renfermé et si sérieux. Était-ce cette conversation sur la part d'enfance que l'on a en soi qui l'avait rendu si détendu d'un seul coup? Peut-être... Certainement même, mais c'était tant mieux. Et malgré son faux air bougon elle était plus que ravie de le voir s'amuser un peu. C'était si exceptionnel que si elle avait tenu un journal intime elle l'aurait annoté dedans.

Se laissant finalement prendre au jeu, elle finit par s'assoir à ses côtés avec un sourire taquin accroché aux lèvres. Si il voulait jouer il allait être servie, il ne devait pas oublier qu'il avait face à lui Nymphadora Tonks. Il avait certes été l'un de maraudeurs mais elle n'était pas en reste non plus quand il s'agissait de s'amuser ou plaisanter. Il devrait pourtant commencer à le savoir. Passant sa main droite le long du bras de Remus avec un sourire amusé elle fit glisser ses doigts jusqu'à son cou.

« Alors comme ça ce cher monsieur Lupin n'est pas décidé à me suivre... Hum... Je vois... Je crains pour lui que je ne sois dans l'obligation d'avoir recours à la torture pour le faire plier... »

Retirant sa main et esquissant un geste pour se lever elle se jeta – en douceur tout de même elle ne voulait pas abîmer son beau professeur – sur lui et entrepris de le chatouiller. On verrait bien qui demanderait grâce le premier.