Le dernier cours de la journée venait de prendre fin. Astronomie, l’un des cours les plus barbants qui soit pour Drago, pas du tout passionné en la matière. Ca se reflétait d’ailleurs pas mal sur ses notes bien qu’au final tout restait convenable pour l’élève parfait qu’il se devait d’être. Tout ça pour en revenir à cette fin d’après midi. Trouver de quoi s’occuper, se changer les idées et ne surtout pas sombrer dans la noirceur de son esprit, c’était la résolution prise par le prince des Serpentards. A quoi bon se morfondre, il devait se comporter le plus normalement possible même si au fond, il n’y avait rien de plus dur que de porter le lourd poids de ses actes passés, sans compter ses problèmes d’ordre privés. C’est vrai, héberger Lord Voldemort lui-même dans le manoir familial, ça avait de quoi retourner l’esprit de n’importe qui. Le blond aurait absolument tout donné pour retrouver sa vie d’avant, lorsqu’il n’avait comme souci principal que celui de se payer la tête de Potter, agrémenté au passage de son envie de porter la plus belle robe de sorcier qui soit, à cette époque, tout était tellement plus simple, il pouvait même affirmer qu’il était heureux ainsi, malgré tout le reste.

Voler. Il ne fallu pas plus de cinq minutes à Drago pour trouver de quoi occuper son temps, il ferait ses devoirs dans la soirée, autre chose à faire pour ne pas cogiter. Le terrain de Quidditch était libre et chacun sait que l’endroit où le vert et argent se sent le mieux, c’est encore dans les airs, bien cramponné à son fidèle Nimbus. Une heure entière à planer, variant d’une vitesse lente à une accélération fulgurante, il lui tardait déjà le prochain match de Quidditch, une victoire des Serpentards lui permettrait surement de regagner de l’aplomb. Ou pas, cela restait à voir. Quoi qu’il en soit, une fois l’heure passée, il se décida enfin à rejoindre les cachots avant le diner et fut rapidement rejoint par Pansy et sa bande de copines, toutes plus potiches les unes que les autres, le blond se demandait encore comment la jeune femme pouvait les supporter alors qu’elles l’insupportaient à un point… Elles remarquèrent surement de suite qu’elles dérangeaient le calme de la salle commune puisqu’elles montèrent en chuchotant dans leur dortoirs, et Drago n’accorda un regard qu’à Pansy, histoire qu’elle ne revienne pas cinq minutes plus tard pour le cribler de questions sur son changement radical de comportement. A croire que ce geste de la tête ne suffit pas puisque la brune le retrouva, le regard avide de questions sans réponses et en guise de réaction, Drago leva les yeux au ciel, soupirant avant de repartir de plus belle de là, laissant Pansy seule avec sa frustration.

Choppant une pomme dans la grande salle, Drago ne resta pas pour le diner, rien qu’une dernière fois ce soir il souhaitait être seul, promis demain, il se mélangerait à nouveau à la foule, mais juste ce soir, il avait besoin de se retrouver. La tour d’Astronomie était certainement l’endroit où il aurait l’assurance de ne pas être déranger. Lentement il se laissa glisser le long du mur ravagé par l’âge, rapprochant son genoux gauche contre son torse tandis ce que son autre jambe était étendue contre le sol. Sortant sa baguette, il s’amusait à faire léviter un petit cailloux, captivé par la simplicité du geste, enviant presque cette pierre de n’avoir rien d’autre à faire que de joncher le sol, idiot comme pensée mais plutôt compréhensible au vue de l’état d’esprit du Serpentard.

❝ il est nécessaire de comprendre la réalité avant de pouvoir l'accepter et seule l'acceptation de la réalité peut permettre la guérison.❞ harry potter et la coupe de feu.

Le vent soufflant délicatement dans mes cheveux, je me rends compte que je n’avais jamais remarqué à quel point la vue du haut de cette tour pouvait être aussi magnifique. Et quand bien même le professeur Dumbledore y aurait laissé son dernier souffle, ça ne la rend pas moins admirable. Mais si ce soir le ciel est si splendide, je n’oserais faire abstraction du fait qu’à l’inverse d’eux tous, c’est lorsque j’ouvre les yeux que tout devient obscur. D’un autre côté, il n’y a pas d’ombre sans lumière comme il n’y a pas de lumière sans ombre. Et d’une certaine façon, cela me rassure. Le Seigneur des Ténèbres quant à lui n’est plus bien loin maintenant. J’imagine qu’il ne l’a jamais été. Écouter le tortillement des os des corps qu’il détruit lui sera toujours un peu plus excitant. Aussi étrange soit-il. Bientôt viendra notre tour. Une question de temps, rien que ça.

Le vide est un sentiment que je n’ai jamais su décrire. Juste ses effets. Une certaine impuissance, envie de passé, fuir. Fuir son destin. Et toutes ces foutaises. Force est de constater que chaque jour sera désormais l’inconsciente répétition du précédent. On survira, mieux. Ou alors moins bien. C’est un fait. Certains ne se lasseront pas de passer leur journée à se voiler la face, pensant que chacun ferait mieux de continuer à faire semblant et de pourrir le sourire aux lèvres. Puis d’autres qui comme moi ne diront rien parce qu’ils savent qu’il n’y a plus rien à dire. Mais tout est pareil. Sans but. Sans intérêt. En définitive, nous sommes foutus. Nos bonjours et au revoirs ne sonnent plus que comme des condoléances. L’hypocrisie nous anéanti toujours un peu plus chaque jour. Rivés au sol, nos yeux sont vidés par notre propre naïveté. C’est l’antithèse. Et le moindre mot est pesant. Puis un regard, vide.

Astoria. J’ai toujours haï ce prénom. Ce prénom de petite fille naïve que je ne suis pas. Je me souviens encore de mon père me dire que tout ira bien, toujours. Dans sa lettre cette fois-ci, il ne me l’a pas dit. Et s’il ne me l’a pas dit, c’est parce qu’il sait que rien ne va. Me protéger quitte à mentir, il n’aurait jamais osé. Ma sœur quant à elle ne semble pas voir les choses de la même manière. Mentir pour me protéger est une chose, mais se mentir à soi-même en est une autre. Contrairement à elle, à ma mère ainsi qu’aux trois quarts des élèves et avec tout le respect que je leur dois, je n’ai ni le temps ni l’envie de prétendre que tout va bien. Car si mourir dans d’atroces souffrances semble les intéresser, pas moi. Sixième année certes, mais je semble pourtant être l’une des plus lucides de tous. Et ça, c’est le détail qui fout tout en l’air.

Un certain bruit vient alors interrompre mes idées noires auxquelles petit à petit et à mon plus grand regret, je suis forcée de m’habituer. Je me retourne, intriguée. « Il y a quelqu’un ? » Lentement et de pas à peine audibles, je m’avance en direction de l’autre bout de la pièce. Assis là par terre, le goût d’une certaine amertume dans ses yeux, ses yeux si beaux au regard si profond qui auparavant n’a jamais croisé le mien laisse comme un vide. Ce même vide. Semblable. Et si même sa nonchalance à faire léviter cette petite pierre me semble parfaite, il paraîtrait d’après les quelques centaines d’élèves présents à Poudlard que Drago Malefoy n’a rien de parfait. Dans le coup, disent-ils. Je ne comprends toujours pas. A défaut d’être comme tout le monde, je devrais le laisser. Mais je ne suis pas tout le monde, alors je ne le laisse pas. Car qui d’autre que le principal intéressé d’une question sans réponse pourrait-il enfin m’éclairer ? Qu’il me demande de partir, je partirais. Mais l’incompréhension me brûle, c’en est assez. Me présenter serait certainement la première chose à faire. Mais nous ne sommes rien pour personne ici, c’est inutile. Astoria Greengrass, sixième année, vivant d’une existence aussi dérisoire, insipide et éphémère que la leur. Inutile, disais-je. Nos regards silencieux se brisent enfin, laissant place à une voix douce, remplie de candeur, hésitante et qui pourtant se voulait imposante. « C'est vrai ce que l'on dit sur... Pourquoi les gens te craignent tant? »

La paix semble bien souvent de courte durée. Pensant qu’il aurait au moins cette soirée pour laisser son esprit vagabonder sans que personne ne s’en aperçoive, une voix ramena Drago à la réalité, il ne lui fallu d’ailleurs pas plus d’une seconde pour se reprendre et redonner à son visage cet aspect froid et méfiant que chaque élève du château lui connait depuis plus de six ans maintenant, à moins que cette année, cet air suffisait ai changé pour laisser place à quelque chose de plus incertain, de moins confiant, qui sait. La voix féminine lui était pas inconnue mais elle ne lui rappelait pas non plus une personne familière, c’est pourquoi son visage tourna légèrement afin de mettre une visage à cette voix, non sans offrir à la jeune femme un regard froid et interrogateur. Des endroits haut perché à Poudlard, ce n’est pas ce qui manquait, même sur cette tour il y avait suffisamment de place pour que deux personnes se rencontrent alors pourquoi avait-elle prit la peine de l’aborder ? C’est à peu près ce que devais transcrire le regard en question bien que le jeune Malefoy ai demeuré silencieux. C’est pourtant elle qui brisa le silence en posant une question pleine de surprise au blond, une réponse était-elle seulement nécessaire… Bien sur, il aurait pu l’envoyer promener, de quel droit lui posait-elle une question aussi dénué de sens, je veux dire, les autres le craignaient c’est un fait, mais le pourquoi semblait si évident qu’il ne saurait pas lui-même quoi répondre. Si les autres n’osaient pas approcher Drago, ou le contrarier, ce n’était que la faute à l’image qu’il s’efforçait de renvoyer tout le temps, le dur à cuir des Serpentards en apparences, seuls ceux qui le côtoient de très près savent qu’au fond, il n’en est rien, et qu’une toute autre personnalité se cache en lui.

Aucune réponse ne vint. Au lieu de ça, Drago détourna son attention d’elle, fixant droit devant lui en soupirant doucement, une réaction qui en disait surement long sur son état d’esprit, mais il ne voyait pas quoi répondre là, maintenant, et s’il ne l’avait pas remballer sèchement, c’était uniquement grâce à son appartenance à la noble maison des vert et argent, rien que ça. « En quoi ça t’intéresse ? Tu as l’intention de me dire que tu n’as pas peur de moi, contrairement aux autres… » En gros, il insinuait qu’elle voulait peut-être se ‘rebeller’ vis-à-vis de lui, et effectivement affirmer singulièrement qu’elle ne le craignait pas du tout malgré les on dit. Ce dont il sr ficherait pas mal, si c’était le cas, mais étrangement vu la manière dont elle avait posé sa question, ça ne devait pas être ça, voilà pourquoi il ne lui avait pas parlé plus méchamment que ça. « Greengrass c’est ça ? » Souffla t-il. La jeune sœur de Daphné, une camarade de septième année, ça lui revenait maintenant, voilà pourquoi ses traits lui avaient rappelé vaguement quelqu’un. « Qu’est ce que tu me veux ? » Ca avait été lancé un peu plus sèchement mais venons en au fait, si elle n’avait rien de plus intéressant à lui dire, ou si elle n’était venu l’aborder que pour chercher une réponse à sa question existentielle, elle pouvait disposer, il ne voyait pas quoi lui dire de plus, après tout ce n’est pas comme si elle faisait partit de ses ‘amis’, bien qu’au fond, le mot ‘ami’ ai t-il un réel sens dans la vie de Drago…