Le 22 au soir, la pleine lune m'avait transformé une fois de plus. Je m'étais retiré dans l'après-midi, loin de Londres – pour éviter tout accident même si je doutais que je pouvais être conscient de ce que j'allais faire une fois loup-garou pour éviter d'aller trainer dans un village ou une ville proche. L'instinct animal, l'appel du sang prenait possession de moi, jusqu'au petit matin – jusqu'à ce que je redevienne un être inoffensif.
Je m'étais réveillé le lendemain, la tête douloureuse, allongeais dans un tapis de feuilles à la lisière d'une forêt dense verdoyante. Les vêtements que je portais, que je me souvenais alors avoir acheté il y a un mois, étaient plus que de simples bouts de chiffons déchirés, déchiquetés lors de ma transformation. J'avais quitté la forêt, en imprutant la route pour marcher jusqu'au centre de Londres. Je trouvais moins dangereux de errer là-bas, me faufilant à travers les moldus. Je passais sans doute pour quelqu'un de plus discret, misant sur l'hypothèse que je sois un sans domicile fixe avec l'allure que j'avais. J'entendais les pièces converties il y a plusieurs jours en monnaie moldue s'entrechoquer dans la poche droite de ma veste noire. Si cette dernière restait en bon état car j'avais prit la précaution de la laisser à un endroit où je repasserai ensuite, je me battais avec mon pantalon pour le garder en place, au risque de le sentir glisser à tout moment, le long de mes jambes. Une fois mes achats effectués, je me dirigeais vers une piscine municipale, y restant le temps que je pouvais – pour pouvoir espérer me rafraichir clandestinement dans une douche. Une fois mes nouveaux vêtements enfilés, j'avais abandonné les précédents dans une poubelle à l'angle d'une rue piétonne, a quelques mètres de l'établissement.

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Le souvenir de m'être réveillé dans cette forêt sans traces de sang sur moi, me rassurait de cette nuit aux allures de trou noir. Je ne me souvenais jamais de rien, impossible à savoir ce que j'avais bien put faire. Je tâchais de ne pas trop y penser et continuer à marcher sur le trottoir où la foule quelque peu importante, me réconfortais d'une certaine façon. Je décidais de m'arrêter, m'asseoir sur un banc et de regarder le monde passer devant moi. Une mère et ses deux enfants attirés plus mon attention – mon cœur se serrait, le visage de Eddie dans ma mémoire, celui de Jude – de mes parents. Je serrais les mâchoires et souriais, amèrement en passant une main dans mes cheveux.
Je me relevais, prit marche – encore longtemps. Sans réel but à part cette quête de redevenir normal. C'était sans doute qu'un unique rêve, mais dans le monde moldu, loin des sorciers, ce fantasme avait plus d'impact sur moi. Je me sentais moins souillé, moins perdu – plus sûr. Moins effrayé aussi.

La journée s'en était allée doucement. J'avais emprunté une autre route pour aller au Chemin de Traverse. Où la vie m'était plus familière même si cela demeurait à mes yeux maintenant, un lointain souvenir. J'évitais cependant d'utiliser les routes principales, optant pour les ruelles plus sombres et plus calmes – plus inquiétantes aussi c'est vrai. Si je n'avais plus de baguette j'essayais tant bien que mal de ne pas m'inquiéter. J'avais le projet aussi de m'informer davantage sur la magie sans une utilisation du genre. Je savais que cela pouvait être possible, en ayant entendu parlé par le Professeur McGonagall lors de ma quatrième année à Poudlard, lors de l'un de ses cours. En repensant à ce but que je m'étais fixé, je repensais douloureusement à Eddie. Un air grave prit possession de mon visage et au souvenir de ce soir où le loup-garou nous avait attaqué, je me rapellais la haine que j'avais à son égard. Je m'étais juré de venger la mort de Jude – mais aussi le cauchemar qu'il nous faisait à présent endurer. Car si je souffrais de mon état actuel, la douleur de ma sœur et de mes parents étaient plus graves encore. Personne n'avait le droit de faire de mal aux personnes chères à mon cœur et qui qu'il soit, la bête allait payée – quitte à ce que j'en laisse la vie. Si j'avais peur aussi, j'étais prêt à surmonter cette phobie pour lui faire payer.

Des flocons de neige tombaient depuis le début de soirée et mon regard fixant la lune, je soupirais, soulagé que cette nuit allait être tranquille.
Je restais là, planté sur le bord de la route – aucun passants, aucune vie – comme si l'environnement rural était mort. Les lumières des maisons et celle des réverbères étaient bien les seules à éclairer faiblement la rue. Quelques arbres demeuraient après le pâté de maison non loin de moi. Un léger frisson me parcourait à cause d'une rafale et je pivoyais soudainement sur mes pieds en entendant un bruit. Je croisais les sourcils, espérant que ce n'était rien mise à part le fruit de mon imagination.