Nash passa précautionneusement sa main dans ses cheveux bruns aux reflets dorés. Il n’était plus question d’enfiler cet uniforme hideux à l’écusson noble ou d’enfiler sa robe de sorcier pour une telle occasion. Il se contenta d’enfiler une tenue civile, préparant soigneusement sa sortie au petit village situé non loin de l’école de magie. Il voulait profiter de ses jours de repos pour prendre l’air, respirer la délicieuse odeur des sucreries et prendre un verre. Oui, pourquoi pas ? Le jeune homme en avait assez de tous ces cours, ces devoirs indéfinissables et de ces élèves frivoles aux goûts trop mielleux. Il prit quelques pièces qu’il fourra dans sa poche et sa baguette, avant de délaisser la salle commune des Serpentards. Il se mit alors à flâner dans les couloirs, esquissant un fin sourire à l’une de ses pseudos amies de Serdaigle. Il descendit les escaliers, traversa les couloirs en les longeant et tourna à plusieurs reprises. Nash se retrouva à l’extérieur du château environs une dizaine de minutes plus tard. Une légère brise glaciale le traversa lorsqu’il franchit le seuil de Poudlard. Il inspira profondément et souffla, tandis qu’il aperçut une brume blanche sortir de sa bouche sous la pression que le froid exerçait sur son corps.

Il errait dans Pré-au-Lard, sans aucun but précis au final. Il regardait les vitrines des magasins, de temps à autre, et continuait sa promenade en direction des boutiques, dans lesquelles il voulait aller. Il fût guidé instinctivement au magasin de sucreries et lorsqu’il s’aperçut à travers les reflets de la vitrine, il eût un fin sourire. Son âme d’enfant ressortait. Nash pénétra dans ces lieux et fit un tour rapide pour prendre ses boites habituelles de dragées surprises. Il prit une chocogrenouille, ainsi que de la réglisse. Il paya ces marchandises qu’il emporta avec lui, tout en continuant sa marche. Le Serpentard avait eu vent d’une attaque dans le petit village, dirigée par des mangemorts. Des amis présents la lui avaient racontée. Il avait lu un article rédigé là-dessus dans la gazette des sorciers. Lorsqu’il regardait autour de lui et qu’il voyait quelques briques noircies par un quelconque sortilège, il fronçait les sourcils comme si ça lui rappelait un danger présent. Il regarda tout autour de lui. Il n’y avait rien. Le village semblait paisible, harmonieux et enraillé dans une routine constante. Tout lui semblait calme, silencieux. Nash n’avait aucune raison de s’en faire quant à la possibilité d’une nouvelle attaque de ce genre-là.

Il était en train de vivre sa dernière année à Poudlard et n’avait aucune envie de mourir avant d’avoir vécu une vie de rêve. Pensées futiles. Il s’avançait en direction de son endroit favori pour prendre une bièraubeurre. Le Serpentard s’arrêta net. Il dévisagea un jeune homme, qui devait avoir le même âge que lui. Il semblait troublé parce qu’il était en train de voir. Il le connaissait. Il aurait pu le reconnaître entre mille. C’était Phineas. Phineas Belvedere. Nash resta là, planté, bouche-bée. Phineas, qu’il considérait comme le frère qu’il n’a jamais eu et qui avait été porté disparu à la rentrée, se trouvait être proche de lui. Peut-être n’était-ce qu’un pâle copié/collé de son ami ? Après tout, les sosies existaient. Ça avait été prouvé par les moldus. Il ne savait trop quoi faire. Devait-il aller le voir pour confirmer ses pensées ou devait-il l’ignorer tout simplement pour éviter de se faire remarquer ? Nash s’avança d’un pas ferme vers l’individu, qu’il pensait être Phineas.

- « Phin ? »

Il ne prononça que son surnom pour tester la réaction de la personne de laquelle il se rapprochait. Son ton tergiversait. Tout se chamboulait dans sa tête. Il perdait son ton assuré et en employait un autre, avec hésitation. Il y avait de quoi être troublé. Nash tentait de faire l’impasse sur ses ressentis. Son visage restait froid, sans émotion, ni expression. Peut-être était-il en train de se jeter littéralement dans la gueule du loup ? Ou peut-être pas. Il attendit patiemment que le jeune homme se retourne. Arrêté à quelques mètres de ce dernier, il attendait. Ça ne semblait plus en finir. Il avait le poing serré d’un côté, donnait un rythme plus lent à sa respiration. Le monde semblait tourner au ralenti. Le Serpentard eût un frisson, lorsqu’une nouvelle brise le traversa, en le touchant de plein fouet.

Phineas avait été porté disparu depuis le dix-huit août dernier. Nash ne s’était pas attendu à apprendre une telle nouvelle, dès sa rentrée à Poudlard. Il se rappelait avoir déjà trouvé ça suspicieux, lorsqu’il s’était mis à chercher après son compatriote dans le Poudlard Express, et qu’il était tombé sur Eddie, seule et triste, avec un air morose au visage. Il n’avait d’ailleurs pas pris la peine de lui demander où était son frère, puisque son regard avait suffi à interpréter toute son interrogation auprès de la jeune fille. Celle-ci n’avait jamais daigné répondre à sa question et ce fût une question secrètement inquiétante, qu’il était resté. Quelques semaines plus tard, la gazette des sorciers n’avait d’avantage inquiété, puisqu’une annonce avait été placée dans la colonne de droite de ce vieux journal, avec une photo de Phineas située en-dessous de l’avis de rechercher lancé. Nash avait attentivement lu et relu le passage qui concernait son ami. Sa baguette avait été retrouvée sur les lieux d’une attaque sévère de bête sauvage. Un endroit imbibé de sang humain, mais son corps n’avait jamais été retrouvé. Eddie était la seule Belvedere présente à Poudlard cette année. Il n’y avait ni Jude, ni Phineas et Nash ignorait ce que ces deux-là étaient devenus. Mais il savait que, quoi que ce soit, c’était quelque chose de grave, de très grave. Il ne reverrait peut-être jamais plus Phineas. Oui. Peut-être. Eddie avait, depuis le début de l’année, cet air fatigué, triste et incroyablement effrayé sur le visage. Même s’il restait avec elle quand il le pouvait, ça ne lui était pas toujours parmi à cause de son statut et de son rôle de Serpentard. C’était sa dernière année et sa réputation ne pouvait pas faiblir, bien que certains avaient déjà parlé d’un avenir commun pour la Serdaigle et lui. Certes, ils étaient sortis ensemble, mais il ne remettrait pas le couvert, d’où le principe de ne jamais ressortir avec ses ex-copines.

Nash flânait dans les rues de Pré-au-Lard. Elles étaient désertes et le peu de personnes y étant s’étaient réfugiés dans les nombreuses boutiques du petit village. Il croisait de temps en temps deux sorciers assez âgés, qui le toisaient du regard. Il prenait soin de leur rendre ce regard peu inquiétant et obscur malgré le bleu océan de ses yeux. L’endroit n’était pas vraiment pas rassurant et les élèves de Poudlard, pour la plupart, ne voulaient plus s’y aventurer depuis l’attaque qu’il y avait eue par de nombreux partisans de Voldemort. Des élèves étaient revenus gravement blessés. L’infirmerie avait été bondée durant quelques semaines. Nash n’avait pas voulu sortir ce jour-là, comme s’il avait pressenti cette attaque. Il était resté dans sa chambre, à se goinfrer de dragées surprises et à parcourir les couloirs à la recherche d’une jolie fille. D’ailleurs, durant cet assaut, il n’avait plus voulu mettre les pieds à l’infirmerie pour réclamer sa potion contre ses insomnies fulgurantes. Il fit quelques achats dans la boutique des sucreries. C’était bien connu : Fawkes ne pouvait vivre sans ses habituelles dragées surprises. Dragées qu’il dévorait à longueur de journée, lorsqu’il s’ennuyait ou qu’il sentait un manque de sucre dans son corps. Il céda même jusqu’à acheter des chocogrenouilles. Il ne pouvait se passer de ses sucreries et c’était le pourquoi il était descendu dans le village voisin à Poudlard.

Lorsqu’il sortit de la boutique, il se figea, croyant apercevoir Phineas. Était-ce lui ? En était-il sûr ? N’était-ce pas une fade illusion de son ami ? Nash n’arrivait pas à en croire ses yeux. Il y avait une possibilité pour que l’un de ses plus proches amis de Serpentard ait survécu à une attaque. Mais comment faisait-il sans sa baguette alors ? Comment se faisait-il qu’il n’avait jamais donné signe de vie ? Le jeune homme se posait des tas de questions et tout s’emmêlait dans sa tête, à tel point qu’il n’était même plus sûr de pouvoir croire à ce qu’il voyait. Comment pouvait-il être sûr que ce n’était pas une illusion et que cette personne était bien celui qu’il croyait ? Il fronça les sourcils et s’avança donc vers ce dernier, qui s’emmitouflait d’avantage dans son manteau. Il tenta même de l’interpeller et marcha en sa direction. Lorsqu’il fût assez près, le jeune homme ne répondit pas et se contenta de l’entraîner dans un endroit plus sombre, plus privé, loin de toutes ces personnes qui les scrutaient par les grandes fenêtres de ces boutiques. Par de simples gestes, Nash comprit. Il se contentait alors de suivre son ami, sans un mot, sans une explication. Si ça se trouve, c’était un mangemort qui avait pris cette potion pour ressembler à un individu et qui lui voulait du mal. C’est pour ça qu’il conservait une certaine distance entre eux, avant d’être sûr et certain que le jeune homme était bien Phineas Belvedere. Tout semblait être flou et diffus. Le jeune brun ne savait pas trop quoi penser, surtout vis-à-vis d’Eddie. Cette dernière allait être achevée d’ici peu de temps, vu son morale et sa vulnérabilité. Il tentait d’être là pour elle, mais ce n’était pas toujours facile.

Alors que Phineas l’entraînait un peu plus loin, dans un endroit où ils pourraient se confronter en face à face, il avançait. Il retenait parfois son sombre qu’il trouvait trop bruyant comme si quelqu’un était en train de les suivre à la trace. Il ne savait pas quoi dire ou quoi faire pour briser cette ambiance tendue. Il mit alors ses mains dans ses poches, se contentant d’observer les moindres détails des entrailles de Pré-au-Lard. Lorsqu’ils s’arrêtèrent, il déglutit, avalant durement sa salive. Il faisait froid. Les brises de vent glaciales devenaient de plus en plus fréquentes et ressemblaient à des gifles dures, à chaque fois qu’elles touchaient le visage du jeune Fawkes. Il regarda alors son ami et attendit quelques instants que celui-ci ne se mette à prendre la parole. Mais rien.

- « Phineas... ? C’est bien toi ? »

Il voulait savoir si son ami était bien là, face à lui. Il voulait savoir s’il vivait toujours, s’il avait survécu à cette attaque, que tout le monde avait crue fatale et qui avait complètement anéanti sa petite sœur, Eddie. Oui. Nash voulait des réponses à ses questions. Il voulait être capable, en rentrant au château, de rassurer son ex-copine à propos du destin tragique de son grand-frère. Mais ça, il ne savait même pas s’il aurait la force de lui avouer qu’il avait vu son frère.